Chronique : Iron Maiden - The Book Of Souls

C’est une soirée très spéciale de ce mois d’août 2015 pour une poignée de chanceux fans du groupe de heavy metal Iron Maiden. De multiples nationalités (Français, Britanniques, Allemands, Suisses, Russes, etc.), ces fans font le pied de grue devant le studio parisien choisi par le groupe pour enregistrer son seizième album, The Book Of Souls, dont la sortie est prévue le 4 septembre 2015. Certains sont arrivés de Cardiff à bord d’un avion spécial piloté par nul autre que Bruce Dickinson (le chanteur d’Iron Maiden) en personne. Et tous sont ici pour découvrir les

locaux qui ont abrité le groupe pendant plusieurs semaines, mais aussi et surtout pour écouter en avant-première l’opus inédit, avec en prime la possibilité de déguster la fameuse bière du groupe, Trooper.

Pour la première fois, Iron Maiden sort un double disque. Et pour cause, les onze titres de ce nouvel album ne durent pas moins de 92 minutes, avec en prime un énorme morceau de 18 minutes qui clôture la galette. Dickinson vient donc prendre la parole devant son assemblée – triée sur le volet – de fans ; il présente le studio, parle du processus d’enregistrement, des expériences inédites réalisées pour cet album, et revient également sur le moment où il a appris, alors qu’il était en plein enregistrement, qu’il était atteint d’un cancer de la langue. Mais il ne s’attarde pas là-dessus et explique simplement que sa maladie et sa convalescence ont obligé le groupe à décaler la sortie de l’album, mais aussi et surtout leur tournée mondiale, prévue pour 2016 (et pour laquelle Iron Maiden aura un Boeing 747 à son effigie, rien que ça). Le chanteur dit espérer que cet album « ne soit pas le dernier ». Et bien nous non plus !

Ce nouvel opus compte 11 titres, qui se suivent mais ne se ressemblent pas. Sur certains morceaux comme “The Great Unknown” ou “The Man Of Sorrows”, on reconnaît très clairement l’empreinte de Steve Harris, fondateur et bassiste du groupe, et les galops de basse qui ont fait sa renommée. Si ces deux sont proches de ce à quoi Iron Maiden nous avaient habitués, d’autres morceaux sortent des sentiers battus, notamment l’excellent et épique “The Red And The Black”, avec ses sonorités qui rappellent la musique celtique. On sent que le groupe a cherché à tester de nouvelles choses, et c’est pari réussi ! Ce titre est d’ailleurs l’un des meilleurs de l’album – et le deuxième plus long, avec ses 13min34 et son interminable solo. “The Book Of Souls”, le morceau éponyme de l’album, a quant à lui une ambiance hispano lors des premières et dernières secondes. Parfait pour le live, on retrouve toute la puissance d’Iron Maiden, notamment sur un bridge instrumental hallucinant.

“Death Or Glory”, qui ouvre en grandes pompes le second disque, est un véritable hymne guerrier, lui aussi taillé pour le live. Il s’agit là de l’une des pépites du CD. À la suite, on retrouve une nouvelle fois des lignes galopantes d’anthologie sur “Shadows Of The Valley”. Cette deuxième partie de l’album comprend aussi “Tears Of A Clown”, la chanson la plus courte de cet opus et écrite par Smith et Harris en hommage à l’acteur Robin Williams. Bruce Dickinson avait avoué que c’était d’ailleurs le titre de l’album qu’il préférait, même s’il n’avait pas participé à l’écriture. Et c’est effectivement un beau morceau, avec des paroles puissantes parlant de torture intérieure.

Mais le point d’orgue de cet album, c’est le tant attendu dernier morceau, qui vient clôturer ce « livre des âmes » : “Empire Of The Clouds”, l’épopée de 18 minutes composée par Bruce Dickinson. C’est une véritable histoire, qui débute au piano – une première pour Iron Maiden – avant de connaître de multiples rebondissements. Évidemment, la majeure partie du morceau est instrumentale ; certaines redondances servent de fil conducteur, on sait qu’il s’agit d’une seule chanson et non pas de plusieurs titres qui s’enchaînent, mais on ne s’ennuie pas une seule seconde. Les guitares donnent l’impression de crier, comme s’il s’agissait d’une seconde voix narrative, en plus de celle de Dickinson. “Empire” est la fierté du chanteur, et on comprend bien pourquoi ! Ce morceau ne laissera personne indifférent, et pas besoin d’être courageux pour l’écouter d’un bout à l’autre : ça passe tout seul.

De gros riffs recherchés, une voix bien maîtrisée et des morceaux éclectiques : ce nouveau Iron Maiden est une véritable « bête », comme l’appelle le chanteur. Et il est la preuve aussi qu’un groupe culte et expérimenté comme celui-ci ose encore se mettre à l’épreuve en cherchant de nouvelles directions, de nouveaux terrains de jeux. C’est très convaincant, et l’album contient quelques morceaux que l’on imagine déjà interprétés en live. Vivement 2016 pour cette gigantesque tournée – il faudra ensuite prier pour que le groupe décide de retourner en studio pour le successeur de The Book Of Souls… 

4/5

Laurie B.

1. If Eternity Should Fail
2. Speed Of Light
3. The Great Unknown
4. The Red And The Black
5. When The River Runs Deep
6. The Book Of Souls
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7. Death Or Glory
8. Shadows Of The Valley
9. Tears Of A Clown
10. The Man Of Sorrows
11. Empire Of The Clouds

Merci à Arnaud de Warner.

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