Le schéma de Meteora est exactement le même que celui de [Hybrid Theory]. Une intro pour se mettre en jambe et monter en puissance ("Foreword"), et boum "Don't Stay" entre dans la dance : riff énorme, Joe Hahn qui scratche comme si sa vie en dépendait, une section rhythmique simple et efficace, et le retour de ces deux voix inoubliables. Et bordel de nom de dieu, ce refrain et ce pont de maboule auront fini de nous achever (déjà !) : "I don't need you anymore/Don't want to be ignored/I don't need one more day/ Of you wasting me away". Pas le temps de baisser sa garde avec "Somewhere I Belong" qui fout toujours le frisson et ses paroles quasi prémonitoires sur cette souffrance de Chester ("I wanna heal/ I wanna feel/ What I thought was never real"). "Lying From You" (et son pont démentiel et ses paroles hurlées "the very worst part of you/ Is me") et "Hit The Floor" ont achevé plus d'un pit avec cette agressivité, tandis que les morceaux pop sont devenus encore plus pop : "Easier To Run", l'électro "Breaking The Habit" que j'ai détesté et souvent passé lors de l'écoute du disque, jusqu'à la trouver très réussie et bien placée dans le flow de l'album.
Ce disque est une montagne russe d'émotions, et là où [Hybrid Theory] passait (avec un talent fou) en force, Meteora est plus subtil, que ce soit dans ses passages les plus bourrins ("Figure .09", un des morceaux que je préfère de l'album), les plus mélodiques (les singles, "Faint", "Numb", "From The Inside") ou les anomalies (la terrible instru "Session" et la géniale "Nobody's Listening"). Et si, en effet, ce Meteora est la suite logique et sans grandes surprises d'[Hybrid Theory], il a été trop facilement décrit comme une suite sans saveur de son illustre prédécesseur. Car oui, la prise de risques est minime, mais on sent déjà un groupe prêt à aller de l'avant, comme ils ont pu le prouver avec Minutes To Midnight et surtout A Thousand Suns. Il est aussi un album encore plus léché, bourrés de détails (Joe Hahn fait un job titanesque sur cette galette), à la production immaculée (Don Gilmore aux manettes) et pas seulement catchy. Et surtout, on peut dire que, 20 ans plus tard, il tient une place de choix (parfois même tout en haut) dans la discographie de la bande. Finalement, son seul défaut est de sortir après l'album parfait.
Et je crois fermement que ce disque n'a pas été de suite apprécié à sa juste valeur, car les attentes étaient tellement élevées, et la pression tellement forte, que Meteora ne pouvait pas être un meilleur disque que le désormais légendaire [Hybrid Theory]. Et pourtant, avec le recul des années, et surtout 20 ans après sa sortie, ce second opus tient toujours autant la route et ne prend pas une ride. Linkin Park a réussi à éviter la malédiction du deuxième album. En évoluant peu, mais en ajoutant finalement beaucoup de détails à sa musique, et toujours en gardant à l'esprit leurs forces, en gommant certes toutes les aspérités, mais en proposant 13 morceaux parfaits et 37 minutes qui tourneront en boucle encore et encore.
Guillaume W.
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