LANDMVRKS sont devenus au fil des années une des valeurs sûres du hardcore mélodique français et la sortie de l'album Lost In The Waves en 2021 les a clairement propulsé sur le devant de la scène et leur a ouvert des portes à l'internationale. Petit entretien avec Kévin, batteur du groupe en pleine tournée européenne.
Alternativ News : Salut Kevin. On est à Prague ce soir car avec LANDMVRKS, vous tournez en Europe. Comment ça se passe jusqu’à présent ?
Kévin : Très très bien, on est hyper contents, les shows sont de plus en plus fous. Chaque soir on se dit que c’est le meilleur soir, et puis on est surpris le lendemain. Je ne saurais même pas lequel choisir pour tout te dire. C’est de plus en plus fou.
AN : On s’est déjà vus à Wiesbaden il y a deux jours et hier à Stuttgart, et c’est vrai que depuis la fosse, je dois admettre avoir été hyper surpris de la réception du public. Je n’imaginais pas que vous aviez un tel impact à l’internationale, ça doit faire plaisir non ?
K: Ouais, ouais, ouais, carrément. Pour nous, bizarrement on sait à peu près l’impact qu’on a à l’internationale car on a beaucoup plus tourné à l’étranger, on a un petit peu peur de la France limite. On a plus peur pour la France parce qu’on n’y a pas assez tourné, on a d’ailleurs été très surpris des deux premiers concerts, notamment Paris qui était incroyable, genre digne du concert de ce soir qui était un truc de malade. Donc ouais, on savait l’impact qu’on avait en Europe mais on ne pensait pas que c’était aussi fou que ça. Clairement, on se dit « Wow ! C’est quoi ce délire ? »
AN : Si j’ai bien compté, ce soir c’est votre 18ème ou 19ème date depuis un mois…
K : Possible, je t’avoue que je n’ai pas compté. On est lancé dans un run de 13 ou 14 dates d’affilée, il y en a eu 5 avant donc ouais c’est à peu près ça.
AN : Là, vous avez justement un jour off dans 3-4 jours, on les attend ces jours-là ?
K : Ah ouais, ouais, ouais. On a tellement hâte. 13 ou 14 jours d’affilée, c’est beaucoup, surtout pour les chanteurs, ça les met un peu en stress. Il faut qu’ils gardent leur voix. Nous, limite, avec nos instruments on se débrouille : le concert à Stuttgart j’avais dormi 3 heures… ça passe. Tu te reposes la journée, tu sais que tu as une heure où tu donnes tout donc ça passe. Pour les chanteurs c’est un peu dangereux de faire autant de dates à la suite, c’est plus compliqué pour eux.
AN : Sur ces dates, vous défendez votre dernier album Lost In The Waves (2021), et même sa réédition qui est sortie il y a quelques semaines, j’ai envie de dire. Cette réédition contient 3 nouveaux titres plus des versions live. Pourquoi avoir sorti cet album en deux temps ?
K : On trouvait que l’album dans sa première version était un peu court, il y a neuf vrais titres plus un interlude. On sentait qu’il n’était pas fini sauf qu’on a des deadlines, qu’on ne pouvait pas faire autrement. On s’est dit qu’on n’allait pas rajouter des morceaux pour qu’il y ait 12 ou 13 titres. On préfèré en faire un court mais efficace. Puis après ça, Covid, donc tu as du temps, et tu dis « bon, qu’est-ce qu’on fait ? ». On voulait faire des collabs avec des artistes qu’on kiffe, on s’est dit qu’on allait faire ça puisqu’on a le temps. On a appelé les gars qu’on kiffe, ce ne sont que des potes en plus, ce n’est pas juste une collab pour faire une collab, ce sont des gens qu’on adore, qu’on aime artistiquement.
AN : On liste Drew de Stray From The Path, Anthony de Resolve et Bert de Chunk! No, Captain Chunk! sur ces 3 nouveaux morceaux. Ce ne sont que des gens de la scène française car finalement Drew vit à Paris…
K : Il n’y vit plus, il est reparti aux States. Mais ouais c’était une belle occasion. On l’a rencontré sur la tournée avec While She Sleeps et on partageait le bus avec Stray From The Path. On est devenu très, très potes. Quand il s’est installé à Paris, il est descendu plusieurs fois à Marseille donc là c’était le moment. Vu qu’on s’adore, on s’est dit « Vas-y, on fait un truc ensemble, ça va être trop cool ».
AN : Revenons un peu sur l’enregistrement de l’album. Il a été enregistré en 2 temps, en premier lieu dans une villa dans le sud.
K : Ouais, la toute première session on a loué cette villa avec piscine, c’est à côté de chez nous, c’est quelqu’un qu’on connaît. On y a composé 4 ou 5 titres qui sont dans l’album et après il y a eu le covid donc on a continué à distance.
AN : Et après vous vous êtes retrouvés en studio.
K : En fait on a notre propre studio, donc si tu veux on n’est pas obligé de se booker deux semaines d’affilée. On a enregistré les chansons une par une avec du matos différent, des batteries différentes. On s’installe, ça sonne, let’s go ! On a pris à chaque fois une journée pour la batterie, une journée uniquement pour les guitares… On a le temps donc on cherche. Par exemple j’arrive moi, je connais approximativement mes parties de batterie, il y a Flo (chant) et Nico (guitare) au studio avec moi la plupart du temps, on recompose tout en direct. Si d’un coup on se dit « ah on peut faire mieux, essaye de changer de cymbale », on essaye jusqu’à ce qu’on soit content. Ça c’est l’avantage d’avoir ton studio à toi.
AN : Et du coup c’est plus agréable pour vous d’enregistrer en tant que groupe plutôt que chacun dans son coin et on s’envoie nos tracks ?
K : Tu sais quoi, c’est la première fois que l’on faisait ça. La maison où on composait ensemble c’était la toute première fois. Les 2 premiers albums de LANDMVRKS ont été enregistrés uniquement par Flo et Nico. On s’est dit qu’on allait essayer de cette nouvelle façon, Flo avait un peu peur car d’habitude il est enfermé tout seul au studio, il fait à 80% toutes les chansons. Mais on a été surpris, ça a été hyper bénéfique en fait : chacun a apporté sa patte, chacun disait « ah moi j’ai ce riff-là, vas-y on travaille ça ce soir » … On n’avait pas d’heures en plus donc on pouvait travailler jusqu’à 6h du matin si on voulait. Donc on était tous ensemble et on essayait jusqu’à ce qu’on se dise que là c’est parfait. On pouvait passer la nuit sur un riff jusqu’à se dire « là on le tient ».
AN : Ça se ressent à l’écoute de l’album. Vis-à-vis des deux précédents il y a beaucoup de prises de risques, des thèmes différents qui sont abordés, des sonorités différentes… Finalement le titre de l’album annonçait la couleur.
K : Ouais, on s’est dit que ça va représenter toutes les vagues que tu vas te prendre dans la gueule. On a tout essayé, on ne s’est pas mis de limites car on aime à peu près tous les styles. On est fan de rap, je pense que ça se sait maintenant et on s’est dit « pourquoi pas tenter ça ? »
AN : Justement, on sait que vous êtes très fans de rap. Dans une autre interview Paul (guitare) et toi expliquiez que pour le morceau "Visage", le premier couplet est rappé en français car Flo trouvait que le flow avec le couplet rappé en anglais ne collait pas.
K : C’est surtout qu’il ne peut pas s’exprimer aussi facilement en anglais qu’en français. En anglais ce n’est pas un problème attention, sur "Say No Word" tu vois qu’il te sort un truc à la Busta Rhymes. C’est surtout que là on voulait bien marquer le coup et Flo se disait « malheureusement en anglais, je ne pourrai pas utiliser les mots que je veux, parler comme je veux ». Ce n’est pas notre langue natale. On lui a dit « mec, t’es trop légitime à faire ça, t’as un projet de rap français à côté, on est français, let’s go ». On le fait en français, tout le monde était ok, en tout cas il n’y a pas de honte à le faire pour nous, et j’ai l’impression que tout le public aime ça. Ça a été super bien accueilli.
AN : Le pari est réussi.
K : Oui, on a eu un peu peur, mais apparemment ça marche.
AN : Et ça vous donne des idées pour la suite, de creuser dans des directions un peu nouvelles ?
K : On s’est dit qu’on n’allait pas le faire à chaque album non plus, c’est trop facile, on l’a déjà fait une fois. On cherche plus à faire quelque chose d’autre qui n’a pas été fait, que nous on n’a pas fait en tout cas. Mais pourquoi pas des collabs avec des rappeurs, plutôt ça tu vois ? À moins qu’on fasse 100 fois mieux ou une full chanson rap, la chanson avec du rap on l’a déjà faite. Ce n’est pas dit qu’on le retente pareil, juste un couplet on l’a déjà fait. À chaque album on se dit « qu’est-ce qu’on peut faire maintenant qu’on n’a pas fait ? ». De toute façon tu le vois, quand tu écoutes une chanson, tu ne sais pas à quoi va ressembler la prochaine.
AN : Tu me disais plus tôt que vous aviez votre studio. Flo et Nico sont tous les deux ingénieurs du son, et c’est eux qui ont fait le mixage, le mastering et l’engineering.
K : Tout. C’est eux qui produisent tout de A à Z.
AN : L’idée c’est de continuer dans cette direction ou vous êtes également ouverts à travailler avec quelqu’un d’externe ?
K : On est ouvert, on a eu cette discussion avec Flo. Je n’étais pas là au début de LANDMVRKS, mais c’est lui qui a fait le son depuis le début. Du coup LANDMVRKS avance en même temps que lui progresse dans le son, et que Nico avance aussi. On se dit que du coup c’est peut-être finalement comme ça que ça doit se faire, mais on n’est pas fermé. Le morceau avec Bert des Chunk, c’est Bert qui l’a produit, mixé et masterisé. Il a tout fait lui parce que c’est comme ça qu’on voyait la collab aussi. Ce mec est aussi ingé son, il a composé la chanson à 80%. Pour une fois on n’a pas fait grand-chose, on était avec lui pendant une semaine, on était tous là, mais à 80% ce morceau c’est lui. On lui a dit « on te laisse carte blanche, c’est toi qui mixes, tu choisis tous les sons ». Tu vois, c’est déjà une première ouverture. Donc oui on est ouvert, peut-être qu’on testera sur un single, pourquoi pas… Mais, est-ce que finalement le son LANDMVRKS ce n’est pas parce que c’est LANDMVRKS qui le fait ?
AN : On a abordé les feats des 3 nouveaux morceaux de l’album, mais vous n’en êtes pas non plus à votre coup d’essai ! Sur votre deuxième album il y en avait avec Aaron Matts à l’époque chez Betraying The Martyrs et aujourd'hui chez Ten56., avec Flo de Novelists FR et avec Camille de Bliss Sigh qui est un projet qu’elle a avec votre Nico. Finalement encore que des gens de la scène française.
K : Ouais, Camille c’est une pote de Marseille. On la connaît depuis des années. Aaron je ne le connaissais pas, mais Nico est en contact avec lui depuis longtemps et Novelists FR sont des potes depuis très longtemps. Donc ouais, comme je t’ai dit, on ne veut pas faire un feat pour faire un feat et rapporter un peu leurs fans… On veut que ce soit vraiment un échange, on ne veut pas parler d’argent ou quoi. On s’adore, on aime beaucoup ce que cet artiste fait, lui aime ce que nous on fait donc on se dit « vient on fait un truc », c’est vraiment un partage.
AN : Pour revenir sur la tournée, c’est un tour 100% français, avec des groupes qui ont des statuts un peu différents : Glassbone (ex-Wolfpack) qui est au début d’une nouvelle histoire…
K : Tout à fait !
AN : … Resolve qui connaît une jolie percée…
K : Ouais, ils arrivent en force là
AN : … Il y a aussi Ten56. qui s’est imposé très rapidement.
K : Oui, c’est tout nouveau, mais t’as l’impression qu’ils sont là depuis 15 ans. Tous les gars qui composent ce groupe on les connaît.
AN : Et puis il y a vous, qui êtes finalement le gros morceau de la nouvelle scène française des années 2020. Comment ça s’est fait le choix des groupes ? Votre label Arising Empire vous a suggéré des noms ?
K : Non c’est nous qui avons choisi. On a la main sur ça, on fait attention à garder ça. On veut avoir le dernier mot dans tous les cas. Là on a voulu faire cette tournée, on a décidé de qui on voulait. On s’est dit « On va faire un truc français, on amène tous nos potes », mais parce qu’ils le méritent. Ce n’est pas juste parce que ce sont des potes, on a pris ces gars-là parce qu’on a confiance en eux, ce sont des gars qu’on veut mettre en avant. On veut présenter un beau plateau aux gens. Donc ouais, c’est choisi 100% par LANDMVRKS.
AN : Et bien on va se quitter sur ces belles paroles, et je vous souhaite une excellente fin de tournée. Merci !
Interview réalisée par Axel G.
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