dimanche 30 janvier 2022

Chronique : Underoath - Voyeurist

C'est bien la première fois que je suis fébrile en mettant un album d'Underoath. A raison d'ailleurs, car Erase Me (paru en 2018) avait été cet album typiquement jetable, aussitôt écouté, aussitôt oublié. A l'exception de quelques titres, cette ambiance ultra électro, blindée de synthés et hyper influencée par Bring Me The Horizon, avait vite fait de nous faire abandonner ce disque. Du coup, à l'annonce de Voyeurist, leur neuvième album, pas d'excitation démesurée, surtout que les titres postés en amont de la sortie étaient bons, mais pas fabuleux. Classiques dans leur structure, mais débarrassé de cette influence de la bande de Sheffield, donc nous voilà un poil rassuré. pas que BMTH soit mauvais, loin de là, mais Underoath a ce son unique qui les mettait tellement à part dans la scène que ce fut sacrément difficile à accepter. Alors ces 10 nouveaux titres ?  

''Damn Excuses" ouvre le bal de manière bien méchante, du Underoath classique en somme, ultra bien branlé, mais pas de quoi se lever la nuit non plus. "Hallelujah" pose une ambiance plus Define The Great Line sur le couplet, mais ce refrain-chorale fait finalement bien penser à la bande à Oli Sykes. Ça fonctionne bien mais c'est sur "I'm Pretty Sure I'm Out Of Luck And I Have No Friends" que le premier émoi réel se fait sentir : une ambiance Radiohead-esque époque Kid A en toile de fond et ce pont Deftones en diable (on peut dire diable maintenant qu'ils ne sont plus catho, c'est autorisé) qui va défoncer ce putain de pit ! C'est ça qu'on veut bordel ! De l'émotion et ce coup de folie qui a donné tellement de morceaux d'anthologie dans leur discographie. 

C'est là qu'on se rend compte au fil des écoutes que Voyeurist est en fait un melting pot de leurs albums à partir de Define The Great Line, mais c'est réellement sur la deuxième partie que la galette prend son envol, et la sublime "Thorn". C'est simple, le frisson est immense et ce duel qu'on attendait tellement est enfin là !  On se croirait sur un mélange de tous les Alchmey Index de Thrice en un seul et même morceau. L'électro de "(No Oasis)" (toujours aussi Thrice dans l'esprit) permet de reprendre son souffle avant la déflagration sonore qui arrive avec la simple et efficace "Take A Breath", tandis que le rythme s'accélère sur "We're All Gonna Die" et ce refrain sorti de They're Only Chasing Safety.

Mais il faut croire que la bande avait gardé le meilleur pour la fin car "Numb" balance LE refrain du disque et ce pont tout en atmosphère vous fera même dresser le poils du cul, c'est un fait établi. Et que dire de "Pneumonia" qui reprend les choses là où elles avaient été laissées sur Lost In The Sound Of Separation avec cette ambiance post-rock et cette montée en puissance savamment orchestrée jusqu'à l'explosion finale. 

Alors, quelle conclusion tirée de cette neuvième réalisation, entièrement autoproduite ? Il démonte clairement Erase Me. Etait-ce difficile ? Pas spécialement ! Mais qu'en est-il du reste de la discographie de la bande, tout du moins celle qui a débutée avec Spencer au chant, donc They're Only Chasing Safety ? Non, Voyeurist n'atteint que rarement les sommets de ces 4 chefs-d'œuvre sortis d'affilée. Mais cette nouvelle livraison est un retour en forme, à défaut d'un retour en force. La deuxièème moitié de l'album est LA force de ce disque et fait oublier une première partie presque trop convenue, presque en pilote automatique finalement ? Une conclusion sévère mais Underoath nous a trop bien habitués en fait, et on se doit d'être exigeant avec ce genre de groupes qui a amené le genre tellement haut. Et si Underoath continue cette montée en puissance, le prochain coup, peut être bien qu'on n'aura plus rien à dire, si ce n'est s'incliner devant eux. 

3,5/5

Guillaume W. 





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