vendredi 5 mars 2021

Chronique : A Day To Remember - You're Welcome

Après un année et demie à nous faire tourner en bourrique, il est ENFIN là ce nouvel album d'A Day To Remember. On pourra dire que ce You're Welcome s'est fait attendre, mais bon si on est bienvenu, fonçons donc écouter ces titres. Alors, avec une certaine appréhension malgré tout, car il faut bien avouer que tous les singles proposés en amont de la sortie officielle n'ont pas été hyper rassurants. 

La chose qu'on peut leur laisser, c'est que la bande n'avait pas menti pendant les interviews lorsque Jeremy McKinnon annonçait qu'il s'agissait de leur album le plus varié. Difficile de faire plus grand écart en effet. Normalement, lorsqu'on écoute un album d'A Day To Remember, on pousse les meubles du salon pour mosher sans risquer de casser le mobilier. Là, on n'en aura pas franchement besoin. Oui, ils nous ont habitués à mixer le pop-punk ensoleillé avec le hardcore de bad boys, et d'ailleurs on s'est bien foutu de leur gueule au départ et quand on voit maintenant tous les groupes qu'ils ont influencés, ils avaient eu le nez creux. 

Et pourtant, ça commence plutôt pas mal avec "Brick Wall", qui, même si les parties s'emboîtent de manière étrange, le morceau possède un refrain catchy et un mosh part comme on les aime chez eux. Ca n'apporte rien de neuf, mais ça fonctionne bien malgré tout. "Mindreader", que l'on connaît aussi, joue clairement plus dans le registre pop-punk, mais pareil ça passe sans soucis, même si on a quand même l'impression d'entendre d'autres morceaux de la bande. Et la suite... Bah la suite, c'est "Bloodsucker", un vague morceau acoustique pop de plage que n'aurait pas renié Sugar Ray ou encore le Fall Out Boy des derniers albums. On n'avait pas dit qu'on laissait Sugar Ray bien loin dans nos mémoires ? Ils ont pas dû avoir le mémo les A Day To Remember. Le pire dans tout ça ? C'est que ce n'est pas le seul morceau dans cette veine. 

En fait, on a un morceau ultra pop, un morceau pure A Day To Remember, et ça s'enchaîne comme ça jusqu'au bout ou presque. Du coup, on n'arrive pas à se focaliser sur l'album en entier tellement on passe d'un extrême à l'autre. L'autre extrême, c'est le morceau qui suit, "Last Chance To Dance (Bad Friend)" (avec la très cool "Resentment"), certainement une des compositions qui auraient pu se trouver sur l'excellent (leur meilleur ?) Homesick, et une chose est claire, le mosh part final va défoncer plus d'un pit. Du A Day To Rememeber on ne peut plus classique mais ça fait du bien par où ça passe, y'a pas à tortiller du cul pour chier droit. 

Mais à peine a-t-on le temps de bouger les meubles de place, qu'on se fait à nouveau chier comme des rats morts avec "F.Y.M" (pour Fuck You Money), qui sonne tout simplement comme un morceau d'All Time Low. Pas mauvais en soit, mais on a l'impression d'avoir entendu ce genre de titres 1000x déjà. "High Diving" fait dans l'electro-pop (à nouveau pas éloigné du tout d'un All Time Low) avec un refrain que les Jonas Brothers ne renieraient pas. Oui on est là. "Looks Like Hell" et "Only Money" et leur loop de piano, sont à nouveau des pseudo-ballades que le Linkin Park de One More Light auraient pu écrire. Quelle chiasse bordel ! C'est cheesy à souhait, et même si la seconde passe mieux, purée on commence à se dire que ça ne sent pas bon du tout.

Heureusement, certains morceaux comme l'énorme "Permanent" (l'un des meilleurs passages de la galette), ou encore les plus pop-punk et New Found Glory-esque "Degenerates" ou "Viva La Mexico" réussissent à marquer des points, pas forcément parce que ce sont des morceaux fabuleux mais tellement au-dessus de certains autres qu'on prend le plaisir là où on peut. Et la désormais classique ballade acoustique "Everything We Need" clôture l'album comme on pouvait s'y attendre : sans surprise. 

Ils avaient reporté leur album pour quelles raisons déjà ? Peaufiner les détails et bosser sur l'artwork. Et ben bordel, si l'artwork de base était pire que celui-là, ça devait être quelque chose. Pourtant, rien qu'à ce niveau-là, les natifs d'Ocala ont toujours été plutôt au point. Là, c'est juste moche. 

A Day To Remember coche énormément de mauvaises cases avec ce septième album (faute de leur signature chez Fueled By Ramen ?). You're Welcome pousse le son du groupe dans tous les (mauvais) sens, et part dans beaucoup trop de directions pour qu'on arrive à s'y accrocher. Pris individuellement, on arrive à ressortir des chansons vraiment bonnes. Mais au final, même les bonnes chansons sont bien en-dessous de ce que le groupe a pondu par le passé. Et ce disque est handicapé par trop de morceaux chiants comme la pluie sur un velux un dimanche d'automne. Et quand on dit mauvais titres, You're Welcome comporte certainement les plus mauvaises compostions du groupe. 

Au final, on est peut être welcome avec le titre de la galette, mais on envie de se barrer très très loin à son écoute. Car en allant jusqu'à s'auto-parodier, A Day To Remember a sorti un disque on ne peut plus inégal et on skippera volontiers une bonne partie des chansons, car pas au niveau. Et puis, mêmes dans ses meilleurs moments, on a du mal à s'emballer car on a la sensation de connaître ces mélodies par coeur, en mieux. Bad Vibrations annonçait déjà un déclin de la part du groupe et You're Welcome ne fait malheureusement que confirmer la tendance. Et comme le disait New Found Glory "And It's All Downhill from here". Pour un des albums les plus attendus de cette année 2021, c'est une énorme déception. 

2,5/5

Guillaume W. 





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