Pour les fans de la première heure qui ont crié au scandale, il ne faudrait pas oublier le fait que la bande a déjà évolué par le passé, et pas qu'un peu. A la sortie de l'excellent The Here And Now en 2011, les 5 de Brighton avaient opéré un virage post-hardcore bien plus mélodique et proche d'un Alexisonfire. Et puis, soyons honnête, ça fait plusieurs albums que le groupe, même s'il reste extrêmement fort techniquement, commençait à méchamment tourner en rond et il devenait parfois difficile de différencier les titres au sein même d'un album. Cette nouvelle livraison est un sacré morceau à avaler, mais finalement pas tant que ça à digérer. Car là où Holy Hell était une agression quasi constante (peut être dû au fait qu'il s'agissait du premier disque depuis la mort de leur guitariste Tom Searle), For Those That Wish To Exist en est son opposé presque parfait. Attention, il y a des passages agressifs et bourrins comme il faut mais jamais en allant aussi loin. Bien au contraire. Et aucun des singles présentés, de la plus rentre dedans "Animals" à la plus mélodique et atmosphérique "Dead Butterflies", du très gros break de "Black Lungs" et à la heavy rock de "Meteor", ne peut se targuer d'être dans la violence pure. Architects n'est plus tout à fait le même groupe et a opté pour un changement de direction brutal. Pour les fans, mais aussi pour leur carrière.
Car oui, Architects n'a jamais sonné aussi mélodique, et même radio-friendly par moment. Qui aurait pu imaginer ça, il y a encore quelques mois ? Peu de monde. On savait que Sam Carter était capable de chanter sans se péter la jugulaire à chaque ligne, mais une telle variété dans son chant est proprement impressionnante. D'ailleurs les parties réellement hurlées se font très rares. Et au final, ces singles sont représentatifs de l'album dans sa globalité. Il y a un peu de tout pour tout le monde. Du rock burné de "Giving Blood", l'atmosphérique et explosive "Discourse Is Dead", l'énorme "Impermanence" avec le chanteur de Parkway Drive, "Little Wonder" avec en guest surprenant Mike Kerr de Royal Blood et "Goliath" avec le chanteur de Biffy Clyro (ce riff et ce refrain bordel de merde !). Oui, le guest c'est cool, mais surtout ici puisqu'ils apportent un bonus au morceau. Et c'est parfaitement le cas. Et que dire de la sublime "Flight Without Feathers" qu'on croirait échappé de la partie Air de Alchemy Index de Thrice (influence qu'on retrouve d'ailleurs assez souvent sur ce disque) ? Si ce refrain ne vous file pas le frisson absolu, c'est à n'y rien comprendre. Et puis, finir ce disque sur le morceau le plus calme et orchestral que le groupe ait jamais pondu, c'était aussi quitte ou double. Et ça fonctionne, comme pour finir sur une bouffée d'oxygène après ce qu'on vient de prendre en pleine poire pendant les 14 titres précédents, tellement les changements de style sont nombreux, mais toujours en conservant une ligne directrice bien définie, et une cohérence malgré tout.
Oui, Architects tentent une Bring Me The Horizon. Mais on est loin, très loin de amo en terme de son. il y a bien des passages qui font penser à la bande à Oli, c'est une évidence mais For Those That Wish To Exist reste vraiment ancré dans la scène, en variant les plaisirs, et surtout, 17 ans après sa formation, le groupe cherche à passer le dernier palier avant le boss final : le mainstream. Et c'est aussi pour cette raison qu'il est paradoxalement un album risqué. Certains diront que c'est un album facile. Ce n'est pas faux non plus, car là où le groupe nous avait habitué à des structures alambiquées, ici tout est millimétré. Le schéma de chaque morceau est optimisé et reste dans le classique couplet/refrain/couplet/refrain/pont/refrain. On aura même du mal à les reconnaître par moments. Mais que c'est efficace ! Ajoutez à cela des invités de choix, et vous avez un des gros disques de 2021 : varié, rentre dedans, mélodique, spatial et extrêmement catchy, quitte à y perdre une partie de son identité en cours de route. C'est aussi un album qui va enthousiasmer autant qu'il va décevoir, mais qui ne laissera, à coup sûr, pas indifférent. A ne pas manquer donc.
4/5
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Guillaume W.
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