
Alternativ News : Vous avez récemment annoncé que vous alliez
jouer en compagnie de Bring Me The Horizon, et je me souviens que lors de notre
première interview, alors que Peter ne faisait pas encore partie de The
Blackmordia, vous aviez dit que jouer avec ce groupe était l’un de vos plus
grands rêves. Est-ce que vous avez un peu forcé le destin pour en arriver là si
vite, ou est-ce que c’était un coup de chance ?
Sofiane : Je pense qu’on a beaucoup travailler depuis ce
moment-là ! On s’était vus à la Boule Noire il y a deux ans et demi, et
c’est vrai qu’en relisant l’interview, récemment, on a vu qu’on avait pu rayer
plusieurs noms de la liste de nos « rêves », justement ! On a
déjà joué avec Kiss, Gojira, et maintenant on s’apprête à le faire avec Bring
Me, c’est plutôt cool de voir que nos rêves se réalisent petit à petit. Je
pense que ça a été le fruit de pas mal de boulot ; depuis qu’on a sorti le
titre « GOD », on a eu énormément de retours positifs et la chance de
se faire inviter sur des dates ou des tournées exceptionnelles.
Peter : On a aussi eu l’opportunité de se croiser
nous ! Je pense qu’il y a beaucoup de petites choses qui ont joué, mais
c’est clairement le travail avant tout qui a payé. J’ai été curieux et j’ai moi
aussi lu cette interview récemment, c’est là que j’ai réalisé qu’il y avait
déjà un sillon qui avait été creusé et qu’on avait pu commencer à rayer
certains noms de notre liste, ce qui est une très bonne chose. J’ai lu Gojira,
Kiss, BMTH, et c’est comme s’il y avait eu un sillon déjà tracé : on se
fixe un palier, on y travaille… c’est la preuve que le travail paie.
Sofiane : C’est vrai que Bring Me ça coule plus de source
que les autres groupes, car on avait déjà eu l’occasion de les croiser
plusieurs fois, on est allés les voir, ils ont pu venir nous voir aussi, et
puis il y a ce lien qu’on a avec Tom Sykes, le frère d’Oliver, qui est notre
graphiste depuis plus de trois ans. C’est vrai que ça a facilité les choses.
Mine de rien, c’est un groupe qui nous a toujours beaucoup influencés, c’est un
groupe qui inspire beaucoup de gens d’ailleurs. C’est vraiment une super opportunité
pour nous.
Peter : Comme je le dis de manière un peu récurrente en ce
moment, je vivais à Londres juste avant de rencontrer les gars de The
Blackmordia. J’ai senti, là-bas, une sacrée vibe That’s The Spirit au
moment de la sortie de l’album. C’était un gros truc, ça a très bien marché. D’ailleurs
on a eu le plaisir de travailler avec David Mendes, qui avait aussi travaillé
sur cet album. C’est vrai que moi j’ai ressenti que c’était une influence pour
beaucoup de gens dans la bulle alternative.
Sofiane : Ils ont un peu redéfini le rock à ce moment-là,
en fait.
Peter : Ouais, ils ont apporté leur patte, ils ont apporté leur
touche, avec un côté un peu décalé. Ca va être un truc assez cool de partager
la scène avec eux.
Sofiane : Surtout que c’est un gros show en arena ! C’est d’ailleurs
leur seul show en arena cet été, étant donné qu’ils font une tournée de
festivals, donc c’est d’autant plus cool qu’ils aient pensé à nous. Je pense
que ça a pu arriver dans le sens où on a toujours su rester nous-mêmes, sans
essayer de copier qui que ce soit. Même à l’époque où on a sorti GOD, on a
toujours eu nos propres influences, sans chercher à copier tel ou tel groupe,
je pense que c’est ce qui a fait notre force.
Vous venez de citer un certain nombre de groupes avec qui vous avez joué au courant de l’année passée. Qu’est-ce qui serait votre meilleur souvenir de tournée ?
Sofiane : Wahou… Alors, personnellement, je dirais que ça
se joue entre Tokio Hotel et Kiss. Tokio Hotel, parce que c’était à l’Olympia,
donc à la maison, et c’est important de faire de gros shows à la maison, et
mine de rien c’est vraiment pas donné à tout le monde de pouvoir se produire
sur cette scène mythique. Et Kiss, parce que c’est l’un des groupes qui nous a donné
envie de faire de la musique, c’était un rêve – voire même plus qu’un rêve,
parce que même si on les avait cités dans notre précédente interview, on n’y
croyait pas vraiment !
Peter : Pour moi ce serait Kiss, indéniablement. Pour ce
que ça représente, et pour ma part j’ai toujours été un grand fan de hard-rock
et de glam-rock, et là c’est le fan de Mötley Crüe qui parle, c’est le genre de
groupes mythiques qui ont rayonné dans les années 80, et Kiss c’est
emblématique, et pour le coup nous étions dans un pays magnifique, avec une météo
magnifique, tout était réuni pour faire de ce show un souvenir exceptionnel.
Maintenant que vous avez coché pas mal de cases dans votre « bucket
list », qu’est-ce que vous planifiez pour la suite ?
Sofiane : Notre objectif désormais, ce serait plus de nous
produire nous-mêmes en tête d’affiche. On prépare un album qui sortira en fin d’année,
et bien sûr on fera sans doute encore des premières parties, mais ce n’est pas
la priorité.
Peter : Et puis de toute façon c’est vrai que la liste s’est
réduite ! Tout ce dont on rêvait, soit ça s’est fait, soit c’est en train
de se faire. La prochaine case, ce serait The 1975.
Sofiane : Ou 30 Seconds To Mars. Ou les deux, en fait !
Est-ce que vous vous fixez des échéances pour réaliser tous vos
objectifs ?
Sofiane : On évite de se mettre la pression, déjà. Ca ne
sert à rien de faire énormément de tournées, de faire quinze albums et vingt
clips si la qualité n’est pas au rendez-vous. Nous, on veut faire les choses
bien, on est plutôt pointilleux et très travailleurs, on veut proposer au
public un contenu qu’on aura travaillé à 100%. Et mine de rien, on n’a pas fait
300 concerts non plus : on préfère se contenter des prestations qui ont du
sens, et sur lesquelles on va vraiment pouvoir proposer un truc intéressant.
Peter : Forcément, qui dit travail dit deadline, mais il y
a aussi un gros sens du détail qui entre en jeu, et en ce qui concerne l’album il
a parfois fallu faire des choix, des concessions. On est cinq dans le groupe,
et malgré tout on a parfois des avis qui peuvent diverger concernant l’artistique.
Finalement, les choses se font plutôt naturellement, sans pression. On sait prendre
notre temps quand il s’agit de travailler, mais c’est pas pour autant qu’on
reste inactifs !
En parlant de l’album, il me semble qu’il sera très différent de ce
que The Blackmordia avait fait par le passé. Pouvez-vous nous parler de vos influences
et de vos nouvelles sources d’inspiration ?
Sofiane : Alors oui, l’album va être différent, même de
notre titre « GOD ». Mais je dirai que c’est lui qui va vraiment nous
définir. Je me répète, mais on a vraiment pris notre temps pour le faire, et il
nous correspond parfaitement. Il réunit un certain nombre d’influences, mais
des influences matures. L’idée, c’était pas de sortir un disque pour l’écouter
à nouveau un an après et le trouver moyen, ou nous dire que ça n’a servi à
rien. Au niveau de l’inspiration, je citerais Depeche Mode et The 1975, qui ont
vraiment été nos influences les plus importantes pour cet album. Depeche Mode,
ils sont intemporels, et The 1975 à mes yeux c’est le groupe de notre
génération. Ils prennent des risques, ils ne ressemblent à personne, et ils ont
pas mal impacté mon état d’esprit.
Est-ce qu’on pourra entendre un extrait bientôt ?
Sofiane : Bien sûr ! On sortira un premier single d’ici
la fin de l’été. L’album, ce sera pour la fin de l’année.
En dehors de votre genre musical, vous avez aussi développé votre
look, votre jeu de scène… Est-ce que vous cherchez à créer une identité propre
au groupe ?
Peter : Pour être honnête, pour ma part, j’ai toujours été
très décadent sans me référer à qui que ce soit. Avant même de fêter mon quinzième
anniversaire, j’avais du noir sur les yeux, des skinny jeans, des fringues avec
des clous… Moi, je vais plutôt me référer à la mode en général, à la couture. Au
niveau du look, on a tous fait un travail sur soi pour décider de la direction
qu’on voulait prendre, du style qui nous collait le mieux. Pour ma part, c’était
une évidence !
Sofiane : C’est en lien avec le groupe, mais pas tant que
ça, finalement. Je pense qu’on est des personnes assez créatives et qu’on aime
bien faire impression. Moi, dès que je vais voir un concert, j’aime voir des
artistes sur scènes. J’aime les shows, les costumes, le maquillage. Quand on a
su qu’on allait partager la scène avec des légendes, on s’est dit qu’on ne
pouvait pas débarquer les mains dans les poches ! Il fallait qu’on envoie
du lourd nous aussi.
Peter : Il a fallu accentuer quelque chose qui était déjà
là. Ca nous semblait évident de nous mettre au niveau de notre musique, qui est
un peu perchée je trouve, alors fallait bien qu’on s’aligne ! C’est
important d’être en cohésion avec qui on est.
En plus du show avec Bring Me The Horizon, avez-vous d’autres
annonces à nous faire d’ici la fin de l’été ?
Sofiane : Je pense que ce sera notre dernière date avant
la sortie de l’album. Après ça, on va se concentrer sur nos shows en headline,
mais aussi sur la promo, qui est une étape très importante avant et au moment
de la sortie d’un album. On a joué dans de grandes salles face à des milliers
et des milliers de gens, mine de rien il y a de grosses attentes donc on a pas
intérêt à se louper !
Et pour les futures tournées, quand est-ce qu’on peut s’attendre à vous revoir en France ?
Sofiane : Sans doute début 2020 !
Et l’international, c’est au programme aussi ?
Sofiane et Peter, en chœur : Bien sûr !
Sofiane : On a toujours fait nos plus gros concerts
ailleurs qu’en France, donc c’est inévitable.
Peter : Et puis, on a eu certains concerts coups de cœur, certaines
villes qui nous ont marquées et où on a envie de retourner, parce que le public
nous a touchés, aussi. Je pense notamment à Poznan, en Pologne, qui est une ville
que j’avais adorée.
Sofiane : Le territoire américain est encore un peu
lointain pour nous, mais on y pense aussi ! On va commencer par se
concentrer sur l’Europe et la Grande-Bretagne, puis le reste on verra bien.
Un dernier petit mot pour nos lecteurs ?
Sofiane : Encore une fois merci pour l’interview ! Et
merci à tous les gens qui la liront, et puis à bientôt !
Propos recueillis par Laurie B. en juin 2019.
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