mercredi 4 avril 2018

Chronique : The Wonder Years - Sister Cities

On se pose toujours la question de savoir si The Wonder Years vont réussir à dépasser les attentes placées en eux à chaque sortie. Il faut dire qu’à chaque fois, la bande à Soupy se surpasse encore et encore, et chaque album devient une entité à part entière. Et disque après disque après disque, cela ne rate pas : The Wonder Years repoussent les limites pour proposer un son familier mais novateur, à la fois plus sombre et plus lourd. 


Le groupe n’a jamais radicalement évolué, mais a toujours ajouté des influences dans sa palette sonique, pour pousser le pop-punk d’origine de plus en plus dans un recoin de leur mémoire musculaire (cette transformation graduelle avait été entamée avec The Greatest Generation et poursuivie avec No Closer To Heaven). Il y a bien encore des morceaux où la fougue de cette jeunesse philadelphienne revient sonner à la porte (le single "Sister Cities", "The Ghost Of Right Now", "The Orange Grove"), mais Sister Cities est bien plus que cela. Depuis The Upsides, on sait pertinemment que le groupe pourrait composer ce genre de titres les yeux fermés. Attention, ils sont tous absolument dingues ces titres, il en ressort une totale maîtrise de leur art, mais on sent que le groupe a besoin de plus désormais. 

Il n’y a qu’à écouter les deux 1ers morceaux de l’album, "Raining In Kyoto" et "Pyramids Of Salt" pour en avoir le cœur net : La 1ère est un mid tempo au refrain hautement atmosphérique et la 2nde vous submergera d’émotions pendant les presque 5 minutes que dure le titre. Deux morceaux qu’ils n’auraient pas pu sortir il y a 10 ans, pas faute de talent, mais probablement plus parce qu’ils n’avaient pas encore complètement conscience de leur infini potentiel à sortir du pop punk qui les a faits arriver à ce moment précis. 

On ne les imagine d’ailleurs absolument plus sortir The Upsides en 2018 (qui reste un très grand disque de pop punk émotionnel), mais paradoxalement, c’est aussi leur album le plus conduit par les guitares. Elles n’ont, en effet, jamais sonné aussi aventureuses (et c’est un sacré compliment quand on connaît leur discographie). Aux murs de guitares (le magnifique calme/tempête de "We Look Like Lightning" aux accents post hardcore, "The Ghost Of Right Now") se succèdent des titres où la fragilité et la retenue sont tout à fait impressionnantes de maîtrise (l’emopop "Flowers Where Your Face Should Be" où des cordes font leur apparition, la réussite country alternative de "It Must Get Lonely" au final déchirant, l’aride "When Blue Finally Came"). 

Et après de multiples écoutes, on ne cesse de découvrir des détails qui nous ont échappés et surtout, on revient constamment vers ce disque sans se dire que c’était mieux avant. Ce groupe a toujours été bon, mais à chaque fois, ils réussissent à nous surprendre et à nous enchanter. Et chez eux, l’agencement a toute son importance, les morceaux ne s’enchaînent pas n’importe comment et on attend toujours le final avec impatience. Et on n’est pas surpris de trouver "The Ocean Grew Hands To Hold Me", un morceau sublime à la frontière du post rock, mais à la sauce The Wonder Years. Le groupe parvient à brasser un tas de styles différents dans un seul et même disque, en y apportant sans cesse leur touche personnelle, à tel point qu’on n’arrive pas à mettre le doigt sur tel ou tel groupe pour dire comment les morceaux sonnent. C’est simple : ils sonnent comme The Wonder Years. 

Avec ce 6ème album, les 6 de Philly ont encore une fois repoussé les limites de l’imaginable. Construit à la perfection avec une tracklisting sciemment pensée une émotion et une maturité bluffantes, la panoplie du disque de l’année est là. Et il ne fait pas oublier la variété des compositions, les textes d’une justesse folle, les mélodies incroyables, et le chant de Soupy comme fil conducteur. Plus le temps avance, moins le groupe a besoin de chercher des influences extérieures pour avancer, pour créer. Est si finalement Sister Cities était l’album de leur carrière ?

4,5/5

Guillaume W. 


1. Raining In Kyoto
2. Pyramids Of Salt
3. It Must Get Lonely
4. Sister Cities
5. Flowers Where Your Face Should Be
6. Heaven's Gate (Sad & Sober)
7. We Look Like Lightning
8. The Ghosts Of Right Now
9. When The Blue Finally Came
10. The Orange Grove
11. The Ocean Grew Hands To Hold Me






1 commentaire :

Amélie a dit…

On est encore d'accord :)