Il y a quelques mois, nous avions rencontrés Chris Motionless, chanteur de Motionless In White, et notre entretien est (enfin !) à lire dans le post complet.
Salut Chris ! Comment était votre set à Paris hier soir ?
Chris : Oh, eh bien… on va dire qu’on avait quelques petits problèmes de courant sur scène. On était censés jouer une dizaine de chansons, mais on n’a pu en faire que cinq ou six, parce que le courant n’arrêtait pas de couper dès que les lumières s’allumaient ou que l’on recommençait à jouer. C’était l’enfer ! Mais le bon côté des choses, c’est que sur certains passages où l’on n’entendait que ma voix et la batterie, j’ai pu entendre la foule chanter avec. Et ça, à Paris, c’est vraiment nouveau pour moi ! Et au final, cet accueil a réussi à nous faire relativiser : les fans ont compris que ce qui se passait était complétement indépendant de notre volonté et nous ont soutenu en chantant aussi fort qu’ils le pouvaient. Ça m’a fait beaucoup de bien !
Avant cela, avais-tu l’impression d’avoir une fanbase si motivée et impliquée ici ?
D’après ce que je pouvais voir sur les réseaux sociaux – je ne dis pas que je me fie uniquement à ce que je vois sur Internet, mais en général c’est un assez bon indicateur – je n’avais pas l’impression qu’on était particulièrement attendus en France. Il n’y avait pas tant de commentaires ou de messages qui nous suppliaient de venir ici ! C’était la même chose quand on a annoncé notre présence sur le Hellfest, nous n’avons pas eu de retours ultra-enthousiastes. Donc on croise les doigts et on espère que tout se passera bien ! Mais hier soir, c’était plutôt une bonne surprise de voir tous ces fans participer, et nous attendre à la fin du concert. Je ne m’attendais pas à voir autant de fans venus pour nous !
Parlons de votre dernier album en date, Graveyard Shift, qui est le premier opus que vous sortez sous le label Roadrunner. Est-ce que ça a changé quelque chose pour vous de passer de Fearless à Roadrunner ?
La seule chose qui ait vraiment changé, c’est qu’ils nous ont laissé tout le temps dont nous avions besoin pour sortir cet album. Fearless ne nous ont jamais mis la pression par le passé, ils nous laissaient du temps aussi, mais jamais à ce point-là ! Roadrunner nous ont clairement dit que nous n’avions aucune date limite, que l’on attendrait que tout le monde soit sûr que tout soit absolument parfait pour annoncer la sortie officielle. C’était vraiment très appréciable !
Les retours étaient très positifs d’ailleurs ! A ton avis, à quoi est dû ce succès ? Est-ce que le fait que vous ayez eu plus de temps pour le préparer a beaucoup joué ?
Oui, ça a pesé dans la balance ! Car nous avons pu prendre le temps de mettre certaines choses à plat : on a listé les choses que nous aimions dans nos albums précédents, nous avons pris en compte les préférences et envies des fans. Nous avons donc mis tout ça bout à bout, il a fallu faire certains tests pour rendre le tout harmonieux et respecter la direction que nous avions choisi de prendre musicalement. Je pense que les fans ont senti tout ça et que c’est ce qui leur a plu. Et puis, du coup, cet album est une sorte de concentré de toutes les époques de Motionless In White. C’est un « tout en un » ! Il me semble que c’est ce que les fans attendaient, et ils sont tous ravis. Certains ont juste leur mot à dire sur une ou deux chansons, mais ce n’est pas bien grave, on est enclins à entendre la critique et puis, ça veut quand même dire que le reste de l’album leur a plu !
Peu avant la sortie de Graveyard Shift, Joshua Balz a annoncé qu’il quittait le groupe après plus de dix ans au sein de Motionless In White. Est-ce que tu penses que cela va avoir une influence sur le futur du groupe ?
Non, en fait c’est surtout Ricky [Horror, le guitariste] et moi qui écrivons les textes et composons la musique ensemble. Au niveau de l’écriture, ça ne changera donc rien. Mais je pense qu’il manquera aux fans, et c’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons décidé de ne pas le remplacer. Nous ne voulons pas que quelqu’un d’autre occupe son poste, nous ne voulons pas d’un autre keyboardiste au sein du groupe. Nous pensons qu’il doit être le dernier, une sorte de « symbole ». Les fans qui l’ont connu verront le groupe sous un nouveau jour, mais n’auront pas à faire face à un remplaçant. Au tout début, quand il est parti, c’est une amie à nous qui est venue nous prêter main forte parce qu’on s’est retrouvés au pied du mur : nous nous apprêtions à partir en tournée et nous n’avions aucune solution de secours ! Nous ne nous attendions pas à un départ si rapide et ne savions pas quoi faire, elle est donc venue nous dépanner le temps de cette tournée.
Vous arborez systématiquement beaucoup de maquillage quand vous êtes sur scène, est-ce que c’est un signe distinctif que vous avez adopté dès le début ?
Oui ! On a traversé plusieurs phases depuis le commencement, mais c’est quelque chose que nous avons toujours fait. D’ailleurs, la plupart d’entre nous portait du make-up avant que l’on fonde Motionless In White ! Nous essayons d’être aussi créatifs que possible avec notre maquillage et nos tenues de scène afin d’avoir un rendu très théâtral, et d’offrir aux gens un spectacle multi-dimensionnel, de les emmener dans notre univers. Comme pour toute chose, il y a certaines personnes qui n’adhèrent pas du tout et nous collent des étiquettes rien qu’en voyant notre look, mais il y en a beaucoup d’autres qui le comprennent, et qui n’en n’aimeront le groupe que davantage.
As-tu déjà imaginé monter sur scène sans maquillage ?
[rires] En fait, j’y ai parfois déjà été obligé ! Ce n’est pas arrivé souvent, mais l’une ou l’autre fois, j’étais si malade que je pouvais à peine me traîner hors de mon lit, et je montais sur scène dans les habits dans lesquels je venais de dormir, sans prendre le temps de me préparer. Nous avons toujours essayé de faire partie de ces groupes qui n’annulent jamais aucun show, mais du coup ça nous oblige parfois à débarquer sur scène dans des états critiques ! [rires] Mais parfois, tu pouvais me voir avec une moustache, sans make-up, avec une tête de déterré… C’était pas glorieux ! Ah et puis, il y a quelques dates du Vans Warped Tour aussi où il faisait une telle chaleur que la dernière chose au monde dont j’avais envie, c’était de mettre une couche de maquillage sur mon visage ! Mais j’adore me maquiller, alors quand je monte sur scène sans le faire, c’est jamais par pur plaisir…

Il y a quelques années, vous avez repris Du Hast de Rammstein. Est-ce que c’était un groupe que vous admiriez avant ?
Oui, énormément ! En fait, Rammstein c’est l’une de nos principales influences, ils font tout ce qu’on rêve de faire. Leurs shows sont incroyables, ils ont une notoriété complétement dingue ! Je pense que l’on peut entendre leur influence dans certaines de nos chansons. C’était vraiment une opportunité géniale de pouvoir reprendre l’un de leurs morceaux !
Mais ce n’était pas trop dur pour toi de chanter en allemand ?
Oh mon Dieu, si ! Ca m’a pris pas mal de temps de maîtriser les paroles, l’accent, tout ça… Mais ça faisait partie du défi : si déjà on devait faire une reprise de chanson, autant que ce soit quelque chose qui nous demande de repousser nos limites ! Si on avait du réinterpréter un morceau x ou y en anglais, ç’aurait été cool aussi, mais là, c’était vraiment une expérience unique, qui m’a posé des problèmes là où d’habitude il n’y en a pas ! Et j’espérais aussi que nos fans seraient fiers de cette performance et s’extasieraient en disant « Wow, c’est tellement cool, il chante carrément dans une autre langue ! », même si je redoutais un peu ceux qui diraient « Wow, c’est affreux » [rires].
Tu ne parlais donc pas du tout allemand avant ça ?
Non, pas un seul mot ! J’ai pris le temps d’apprendre ce que voulaient dire les paroles, je me suis pas mal renseigné pour être sûr de ne pas me planter dans la prononciation, parce que je voulais vraiment faire honneur au morceau, mais je partais de zéro !
Alors laisse-moi te dire que t’as fait un excellent travail ! Et est-ce que tu aimerais faire une reprise d’une chanson pop ?
Oui, ça me plairait bien ! Après, tout dépend aussi de la notion de « pop » de chacun, bien sûr, mais je pense que ce serait intéressant pour nous d’essayer de donner un côté heavy à une chanson qui passe à la radio, de nous l’approprier pour la mettre à notre sauce… C’est le genre de défis qu’on aime bien relever !
Et si tu devais choisir un morceau pop ?
Mh… Pff, je sais pas trop… Pour tout t’avouer, je ne suis pas souvent au courant des dernières sorties pop du moment, mais est-ce qu’on pourrait considérer Friday I’m In Love de The Cure comme étant une chanson pop ? Bon, on va dire que c’est de la pop, hein, eh bien du coup je nous verrais bien reprendre ce morceau-là !
As-tu un « plaisir coupable » en musique ?
Il y a cette artiste qui s’appelle Christina Perri, et sa chanson Jar of Hearts est mon plaisir coupable ultime ! C’est une chanteuse extraordinaire, elle n’a qu’à ouvrir la bouche et je bois chacune de ses paroles, je ressens chaque émotion qu’elle essaye de transmettre, c’est vraiment quelque chose d’incroyable ! Ben, d’ailleurs, peut-être qu’on devrait faire une cover de cette chanson, après tout !
Quel est l’aspect de ton métier que tu aimes le moins ?
Je déteste prendre l’avion. J’adore partir en tournée, aller sur d’autres continents, dans d’autres pays, mais j’ai horreur de la sensation d’être dans les airs… C’est vraiment compliqué pour moi, surtout avec des vols de 14 heures pour l’Australie ! Ca vaut le coup, bien sûr, une fois qu’on est sur place, mais le trajet, c’est vraiment difficile…
Si tu pouvais changer radicalement de vie et faire un autre job en dehors de la musique, qu’est-ce tu souhaiterais faire ?
Wow… Si ça ne peut pas du tout être dans l’industrie musicale, alors j’irais peut-être faire des études de psychologie. Ou alors… pff, y a tellement de choses que j’aimerais faire ! Pourquoi pas écrire des films, aussi.
Utilises-tu beaucoup les réseaux sociaux ?
Oui, même si je les utilise un peu différemment ces derniers temps. Je ne poste plus beaucoup de choses, mais je fais régulièrement un saut sur les différents réseaux pour voir si tout va bien partout, s’il n’y a rien à signaler qui pourrait impliquer le groupe ou nos fans. Parfois, je restais hors-ligne pendant un moment, je ne me connectais pas pendant quelques jours, et à mon retour j’étais assailli de notifications parce que nos fans se prenaient la tête à cause de quelque chose dont je n’étais absolument pas au courant ! Je devais ensuite m’expliquer, et je trouve ça un peu triste que tout nécessite une explication aujourd’hui. Pour tout te dire, je n’ai presque plus envie de poster quoi que ce soit sur Internet, parce que dès que je le fais, il y a énormément de gens qui ont quelque chose à redire, et ça casse tout mon enthousiasme.
Et est-ce que vous continuez de gérer les réseaux du groupe ?
Non, c’est notre label qui s’en charge depuis un petit moment, comme c’est le cas pour beaucoup de groupes. C’est énormément de responsabilités !
A quel point estimes-tu être proche de tes fans ?
Je pense qu’on a trouvé un juste milieu et que l’on a réussi à les impliquer dans la vie du groupe à tous les niveaux. Certains ont écrit des paroles de chansons pour nous, d’autre ont participé à la réalisation de l’artwork d’un album… Nous faisons notre maximum pour qu’ils se sentent utiles, en quelque sorte, et qu’ils n’aient pas l’impression de nous soutenir « dans le vent ». Je pense que beaucoup considèrent ça comme un honneur, alors que nous voyons surtout cela comme une façon de les remercier. Et puis, je réponds aux tweets des fans aussi souvent que je le peux, mais c’est vrai que nous ne le faisons pas de façon systématique. Comme ça, cela garde un caractère un peu spécial !
Pour conclure cette interview, sais-tu déjà quand est-ce que vous serez de retour en France ?
On est en train de planifier une tournée européenne qui nous amènerait à passer par la France fin janvier, début février 2018. On n’a jamais eu la chance de faire une tournée en tête d’affiche en Europe, alors c’est l’occasion !
Interview réalisée par Laurie B.
Photos : Mathilde M.

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