mercredi 13 décembre 2017

Interview : The Amsterdam Red Light District

Mi-novembre dernier Alternativ News a rencontré les Français de The Amsterdam Red Light District. L’occasion pour eux de revenir sur leur parcours et surtout de communiquer sur leur album à venir. Interview intégrale à lire dans la suite du post. 

Alternativ News : Salut les gars, pouvez-vous nous présenter en 2-3 mots votre formation ?

Max : D’abord merci pour cette interview. On est très heureux de pouvoir parler de notre projet à Alternativ News. TARLD est un groupe de Lyon qui existe depuis 2005, mais ce line-up existe depuis 2008 avec l’arrivée d’Elio au chant. Les membres qui ont fondés le groupe sont Julien (batterie), Greg (basse) et Max (guitare).

Vous avez un style musical assez propre. Comment le définiriez-vous ?

Max : C’est vrai qu’on a le cul entre 2 chaises. A mi-chemin entre le metal et le punk. C’est difficile de donner une étiquette mais je pense qu’on peut dire qu’on est plutôt le hardcore. On est constamment à la recherche de puissance et de mélodie, la voix est assez hybride également entre « scream » et chantée.
On aime beaucoup les groupes modernes comme While She Sleeps, Comeback Kid, Stray From The Path, mais on suit également des groupes comme Raised Fist, In Flames, Refused ou Propagandhi.
Après on a chacun nos sphères musicales… Pour ma part, je suis très très fan de The Cure, Filter, Johnny Cash, Kim Churchill…

Julien : Se définir est très compliqué et on ne s’est jamais revendiqué de tel ou tel style. Nous faisons ce que nous avons dans la tête et dans les tripes au moment où nous composons. Le tout teinté d’influences qui varient énormément en fonction de chacun.

Vous avez déjà sorti plusieurs disques : 2 albums et 1 EP. Le troisième album sortira en 2018. Avant de parler de celui-ci, pouvez-vous revenir sur l’évolution sonore du groupe depuis Dear Diary (2011) ?

Julien : Le son du groupe n’a cessé d’évoluer avec une recherche permanente de coller à ce que nous sommes vraiment. À mon sens, le prochain album aura le son le plus en osmose avec ce que nous avons en tête depuis toutes ces années. Ceci sans aucune critique des anciens albums car ils ont chacun un son particulier qui est le témoin de notre évolution. Dear Diary était un premier jet. I’m Not Insane une volonté de rajouter une dose d‘énergie. Gone For A While, une envie de donner cette sensation « live », cette urgence, cette nervosité, ce côté un peu fou nous caractérisant en concert. Le prochain album est selon moi la synthèse de tout cela.

Une bonne nouvelle attend vos fans, votre petit nouveau qui porte le doux petit nom de Sapere Aude, va bientôt pointer le bout de son nez. Alors c’est pour quand ?

Max : C’est un scoop qui tu donnes là ! (rire) Mais oui, c’est un album qui s’appellera bien Sapere Aude qui est prévu pour le 1er mars 2018. On a vraiment hâte de faire découvrir cet album aux gens qui suivent ce projet. C’est pour moi le plus abouti.

Julien : Et à l’heure où on écrit ces lignes on est encore dedans (rire). On est tous très content du résultat.


Vous avez été au Treehouse Studio au Royaume-Uni pour l’enregistrement et le mix de ce nouvel opus. Une partie de l’album a été enregistrée au Fux Studio de Villeurbanne en France. Pourquoi ces choix ?

Max : Les instruments ont été enregistrés chez Fux à Villeurbanne car lui et « Jésus » sont tous les 2 très bons. Et accessoirement Julien « Fux » est un pote à la base.
Elio, quant à lui, est allé enregistrer les voix à Treehouse pour être en totale immersion, car le chant c’est peut-être bien l’élément le plus important dans une prod.
La culture anglaise dans ce milieu est incroyable. Ils ont ce feeling et Jim (qui a notamment participé aux prods de Bullet For My Valentine, Machine Head ou While She Sleeps) a rapidement compris où on voulait aller. C’est un mec qui ose ! Il n’a pas hésité à nous faire des propositions très cools et inattendues dans le mix. Bref : Super expérience !

Julien : On a tous des vies perso et pro qui nous prennent du temps. Enregistrer chez Fux a été d’un confort type « premium ». Patience, qualité, conseil, gentillesse, disponibilité, efficacité, etc.
Notre volonté de faire évoluer notre son vers quelque chose de plus pêchus, plus « fat » nous a naturellement conduit vers Treehouse. Leur C.V. parle de lui-même. Et on ne s’est pas trompé. Jim est fantastique. Super pro et très … patient ! (rire). C’est après la décision de travailler sur le mix avec Treehouse qu’Elio a émis le souhait de partir là-bas pour le chant. Une excellente idée. 

Elio : Et c’est là que j'apparais un peu dans l’interview (rire)! Effectivement en plus de leur savoir-faire dans notre style de musique, enregistrer des chants en anglais avec un gars qui a comme langue natale l’anglais, c'était une évidence ! Avec Jim nous avons pu bosser sur la prononciation et le groove des mots. C'était une super expérience.

C’était la première fois que vous vous rendiez à l’étranger pour la réalisation d’un disque ?

Max : Sans parler des masters, c’était complètement la première fois oui ! On a toujours enregistré dans le Rhône car il y a des structures chouettes comme Warmaudio ou l’Hacienda. 

Julien : C’est aussi la première fois que nous découpons réellement les phases de conception que sont le recording/mix/master via 3 structures différentes. Mais seules les voix d’Elio et le mix ont été fait en Angleterre. Tout le reste a été fait en France.

Trois ans se sont écoulés entre la sortie de Gone For A While et la fin du travail sur Sapere Aude. Quand avez-vous commencé à travailler sur le nouvel album ?

Max : Mmmh…Si je ne me trompe pas, le premier morceau de l’album a été composé il y a 2 ans environ. On n’est pas des supers rapides pour composer… Mais avec nos jobs respectifs, les quelques tournées à préparer, on a mis à peu près 2 ans à composer ça. 

Julien : Oui c’est à peu près ça. On fonctionne beaucoup par phase. Même si des thèmes ou des riffs émergent ci ou là, on a besoin de se poser et de s’enfermer pour composer. Mais on a mis un grand coup d’accélérateur en décembre dernier… putain bientôt 1 an.

Pouvez-vous nous présenter le processus de composition et d’enregistrement de l’album de manière générale ? Comment vous y êtes-vous pris ?

Max : Plus le temps avance et plus on est obligé de « rationaliser » la composition du groupe. Pour te dire, notre premier album a été composé entièrement en salle de répète. Zero démo ! On était allé direct en studio sans maquette. Le deuxième album était un peu différent dans le processus, on écrivait en répète et on avait quand même maquetté avant d’aller en studio. Mais là, pour cet album, on a tout maquetté en amont quand je créé les ziks. On a bossé quelques arrangements en répète, des plans batterie et basse.
Dans le groupe je compose la musique, puis je bosse les arrangements avec Julien qui donne sa patte. Greg apporte ses lignes de basse dans un troisième temps. Quand la song est finie, Elio vient ajouter ses lignes. Il écrit les mélodies et scream de chant, ainsi que les textes. Classique en fait… Pour l’enregistrement de cet album, ça a été très classique également. L’album précédent avait été enregistré live. C’était vraiment cool ! Mais là on a souhaité plus de « rigueur » dans les instrus. Julien a utilisé les maquettes de guitares pour enregistrer. Puis nous avons enregistré les uns après les autres, comme des grands ! C’était très rationnel. On savait tous où on allait : zéro impro sur cet album ! Mais c’est une preuve de maturité et de sagesse, je pense.

Julien : J’ajouterai qu’en terme de compo, on s’est mis à la page avec cet album. Certes, il reste des choses à améliorer mais la méthode est radicalement différente. Les outils à notre disposition aujourd’hui sont géniaux. On a la possibilité de modifier, d’essayer ou de changer à outrance… et même si parfois ça fait rager les autres, c’est un truc que personnellement j’adore faire. Le diable est dans les détails (rire). 

Vos précédents disques sont sortis via votre label Red Light Records, c’est le cas de celui-là ?

Max : Tout à fait, on a toujours TOUT fait nous même avec notre micro label Red Light Records ! Pour cet album, je pense qu’on va refaire pareil. On verra si on nous fait une proposition qui nous fera laisser les reines mais au moment où on te répond, ça sortira par Red Light Records. 

Julien : Absolument !

Parlez-nous maintenant du disque en lui-même. Quel est le thème principal de celui-ci ? Quelles ont été vos inspirations lors du processus de composition/écriture ?

Max : Sapere Aude : "ose penser !" en latin, c’est la devise des Lumières ! C’est le thème qui fédère les lyrics. Je pense que ce monde d’aujourd’hui, un monde de fou, nous a vraiment influencé à nous lancer dans ce concept.

Julien : On ne force pas notre inspiration. Et si jusqu’à aujourd’hui nos chansons parlaient de nos expériences, de nos peurs, de nos vies, l’ambiance générale du monde dans lequel nous vivons a été un vrai moteur pour créer Sapere Aude. Il suffit de regarder autour de soi pour sentir ce grondement, cette attente. Cela nous a facilement guidé vers un retour à une musique plus agressive.

Pourquoi avoir choisi ce thème si particulier ?

Max : Ose te servir de ton propre entendement. Kant dans son essai « Qu’est-ce que les Lumières ?» parlait des « mineurs » comme des individus qui se contentent de suivre la raison des « tuteurs » qui pensent à leur place. Par fainéantise. A quoi bon penser quand quelqu’un le fait à ta place ? C’est ce danger qu’on a voulu mettre en exergue. Un danger qui, à notre sens, est exacerbé dans le monde d’aujourd’hui. Les gens allument la TV et boivent les « vérités » des chaînes d’informations continues et leurs nombreuses désinformations martelées à longueur de journée. Les gens sont possédés par la religion au point de se faire péter n’importe quand, n’importe où… Cette faculté de ne pas être en mesure de penser par soi-même arrange bien les « têtes pensantes » et les hautes sphères qui cultivent tout cela. Le fascisme a encore de beaux jours devant lui. En synthèse : Les gens subissent ! Ils ne sont plus libres, et le pire, c’est que la majorité des gens se contentent de ça. On est tous pourvu d’œillères, le tout c’est de s’en rendre compte. 

Julien : Depuis plus de 2 ans, après avoir clos le chapitre de Gone For A While, toutes nos repet’ sont remplies de discussions et de grands débats autour de l’actualité brûlante. Le traitement médiatique de certains sujets, une certaine vision de la censure, le souhait de tout contrôler, l’hypermédiatisation des attentats remplacée par la vague des présidentielles, le retour des débats sur la pollution avec les catastrophes naturelles les plus récentes, l’élection de Trump, le relai des fakes news de plus en plus fréquent sur les réseaux sociaux, etc. De cette espèce de bordel ambiant a émergé des tonnes d’idées mais surtout un besoin de dire l’importance de ne pas se laisser écraser. L’importance d’être curieux, d’être intelligent, de ne jamais être dupe mais sans tomber dans la paranoïa. Sapere Aude. Sois curieux, sois intelligent, lis, regarde, écoute et pose-toi des questions. Ne sois pas un suiveur, un spectateur, sois un acteur. Et partage ton expérience. C’est cette dernière idée qui pour moi est la plus importante.

On a eu l’occasion d’entendre des guests sur certaines de vos galettes, James Munoz de The Bled et Justin Scholsberg de Hell Is For Heroes pour les citer. Peut-on espérer entendre une voix familière sur Sapere Aude ?

Max : Décidément, tu cherches du scoop toi ! (rire) C’est possible oui. C’est flatteur de retrouver un mec qu’on écoute en boucle depuis des années sur ton œuvre. C’est vraiment un rêve de gosse à chaque fois. Il y a quelques années, on avait joué avec Cancer Bats à Lyon. A la suite de ça, on avait gardé le contact. On a proposé à Liam de chanter sur un de nos titres préférés de l’album. Il a eu la classe d’accepter et le rendu est complètement cool. Elio et Liam ont des timbres de voix relativement similaires donc c’est méga cohérent. On a hâte de faire écouter ça à tout le monde !

Comment avez-vous travaillé l’évolution sonore du groupe entre ce disque et Gone For A While, votre précédent ?

Max : Moins de punk-rock, plus de metal hardcore écouté… On a été plus à la quête de puissance que d’habitude. Même si paradoxalement, je ne trouve pas l’album moins mélodique qu’un autre. Mais, il est définitivement sans compromis par rapport à Gone For A While. Plus proche de Dear Diary dans les gênes. On devait être trop content sur l’album précédent, je ne sais pas ?! Ce nouvel album est plus violent, plus sombre…Plus en adéquation avec l’environnement dans lequel on vit. Comme une vraie prise de conscience. 

Julien : Comme on le disait dans une question précédente, le son de nos albums évolue en fonction du
résultat du précédent. On a toujours été très content de nos albums. Puis le temps passant, les oreilles « reposées », on ré-aiguille nos choix pour mettre dans le nouveau ce qui manquait dans le précèdent.
Sapere Aude sera l’album le plus puissant en termes de son. Maintenant, d’un point de vue artistique, on se rapproche en effet plus de Dear Diary ou de I’m Not Insane. En toute transparence après un Gone For A While volontairement plus « rock », nous voulions renouer avec quelque chose de plus immédiat, plus efficace mais aussi plus agressif. L’ambiance générale au moment où on a écrit l’album nous a évidemment aidé à aller chercher cette agressivité.

Quelle dose de risques avez-vous pris pour l’écriture de l’album ? Avez-vous fait des choses que vous n’aviez jusqu’alors jamais tentées ?

Max : Musicalement, on n’a pas pris de risque selon moi… Il est tellement nous, limpide et sincère que les gens peuvent nous découvrir à travers. Dans les lyrics, c’est plus tranché par contre. Par exemple, le titre "Evil Stakeholders" parle des immondes parties prenantes, d’argent sale et de l’égo de nos politiques, "Need" est un hymne au consumérisme. On n’est pas là pour faire une tribune politique attention. Mais pour une fois, on a souhaité s’exprimer sur des sujets qui pourraient être sensibles. Au final, ce qui nous a motivé à passer le cap, c’est que ce sont des sujets où l’essentiel de la jeunesse et du peuple se retrouve. La seule chance que nous avons, c’est d’avoir un micro et de dire ce qu’on pense. D’inciter à mener une réflexion, à prendre conscience.

Julien : A mon sens la seule vraie prise de risque a été faite sur le mix. On a véritablement laissé carte blanche à Jim. Bien sûr nous avions un droit de regard et nous rejetions les choses que nous n’aimions pas. Mais le but pour nous était que Treehouse mette sa patte sur l’album. C’est chose faite. Jim a été un puits d’idée. Des choses auxquelles nous n’aurions jamais pensé ou même osé faire. En plus ce mec est super cool. 


A chaque sortie d’un disque de TARLD, le groupe est ensuite parti le défendre un peu partout en Europe. Vous comptez d’ailleurs 6 tours en tant que tête d’affiche. Bientôt le septième donc ?

Max : Oui. On a 2 tournées de programmées pour la promotion de l’album pour l’instant.

Et où pourrait-on s’attendre à vous voir ?

Max : On partira en UK, en France, en Espagne et au Portugal pour commencer. On a trop hâte, ce sont des morceaux composés pour le live.

Comment allez-vous communiquer sur l’album ? Des clips sont déjà prévus ?

Max : On va relancer la machine avec une lyrics vidéo d’ici peu pour un premier single. Cela va relancer la machine en termes d’actualité car ça aura été relativement calme pour TARLD ces dernières années. Et puis ce premier jet va donner la tendance sur le nouveau TARLD, le nouvel univers, le concept…
Red Light Records va sans doute travailler avec les partenaires habituels en termes de relation presse. Ça nous avait permis de rayonner dans la presse anglaise comme Kerrang. Ce qui est de bon augure dans l’optique de la première partie de tournée en UK. 

Elio : Actuellement nous travaillons avec des réalisateurs sur plusieurs scénarios de clips, qui sortiront début 2018, nous avons pleins de belles surprises.

Parlons maintenant de votre parcours jusque-là. Comme je l’ai dit quelques questions plus haut, vous avez fait 6 tournées en tête d’affiche. Quel effet ça fait de voir des gens de toute l’Europe venir pour toi ?

Max : Tu sais, les premières fois où on joue quelque part en Europe, les gens viennent par curiosité après avoir regardé un ou deux clips sur le net. TARLD est avant tout un groupe de live. C’est notre crédo. C’est notre terrain de jeu. Les gens qui nous ont vu comprendront. C’est extra de voir les visages des gens s’illuminer, avec une banane incroyable. On est là pour rendre heureux les gens. C’est un moment de partage. Les gens ne viennent pas que pour écouter, sinon tu mets ton CD dans ta platine et tu te poses dans ton canapé en regardant ton téléphone comme un con ! Les gens viennent pour être divertis ! Et le fait de revenir à un endroit et de retrouver des têtes familières, d’entendre des mecs inconnus au bataillon qui t’appellent par ton prénom avec un accent, c’est vraiment drôle et surprenant.

Julien : C’est une expérience de vie incroyable. Partir avec tes potes en tournée, faire des milliers de kms, rencontrer des tonnes de gens, dormir peu…, ne jamais jouer devant les mêmes têtes, jouer devant 4 gars la veille et le lendemain renverser un bar, tomber dans des rades paumés ou jouer dans une superbe salle etc… voir le sourire des gens et faire la fête avec eux !!

Elio: C’est une expérience que je souhaite à tous les groupes émergents. Rencontrer des gens, passer un bon moment avec eux, découvrir des habitudes, des expressions et le lendemain changer de pays et recommencer. On a créé de super liens avec des gens partout en Europe. 

Vous avez joué dans de nombreux festivals, notamment en 2012 où vous avez participé au Macbeth Groezrock Contest que vous avez remporté. Parlez-nous un peu de cette aventure. Qu’est-ce que cela vous a apporté ?

Max : C’était une expérience très cool selon moi. C’était un concours à la con au final, dans le sens où c’est un système de vote donc tu sollicites tes potes. Du coup les gens se sont retrouvés un peu noyés avec du TARLD dans leur time-line Facebook car on a eu un soutien assez incroyable et inattendu. Donc on a pu agacer, c’est possible. Mais ce tremplin a été une sacrée vitrine avant tout. Au-delà d’avoir ton nom assimilé au Groezrock, ça aura eu le mérite d’amplifier le nom du groupe auprès d’autres promoteurs de festival en Europe, mais également de promoteurs de tournée. On a pu jouer au Resurrection festival en Espagne, au Tells Bells et au Mair 1 en Allemagne avec les groupes qu’on adore, et cette fois ci, sans concours. 

Julien : (rire) en effet ce fût un moment où l’on s’est quelque peu imposé sur les réseaux sociaux. Mais quelle récompense. C’est un super souvenir. Ceux qui nous ont soutenus seront remerciés à jamais !

Malgré les nombreux concerts que vous avez pu faire et groupes avec qui vous avez partagé l’affiche, vous n’avez jamais joué en dehors du vieux continent. Un objectif pour la promotion de cet album ? Quand on voit les groupes français qui commencent à s’exporter en Asie, au UK ou aux US, ça donne envie non ?

Max : Tu as raison, on a joué en Europe uniquement. 14 pays précisément. Les US, ce serait cool. Evidemment ça donne envie. C’est un rêve de gosse dans notre « to do list ». Tout est question d’opportunité. On verra où cet album nous mène. Si on nous demande de jouer en Asie, on ne serait pas mécontent non plus. J’adorerais jouer au Japon et en Australie personnellement. Mais une petite tournée en support aux US, ça ne se refuse pas ! 

Julien : On espère que cet album nous donne de nouvelles opportunités. L’aventure est déjà belle mais pousser le voyage l’autre côté de l’Océan Atlantique serait magique.

En parlant de concerts, est-ce qu’il y a un groupe avec qui vous avez joué qui vous a particulièrement marqué ? Pour quelles raisons ? 

Max : Comeback Kid au Resurrection Festival aura été vraiment cool me concernant. C’était la première fois que je les voyais, les gens étaient fous et la fosse s’était transformée en nuage de poussière. Marmozets dans un autre registre aura été super cool également à la Maroquinerie. 

Julien : Refused, Groezrock 2012 (putain déjà). Découvert en 1998 chez un pote ce fût une tarte monumentale. De plus Refused représente le point de ralliement des membres de TARLD. L’intro du concert était magique, poétique, puis ça a explosé. C’était violent ! Tout le concert était violent. Un souvenir extraordinaire. Un pur retour en adolescence. 

Elio : Blanker Republic, un groupe de la région, vraiment énorme sur scène !

Y a-t’il une anecdote marrante de tournée dont vous pouvez nous parler ?

Max : Les chiottes en mode Trainspotting à Hull, les merveilleux Spiessbratten qu’on avait demandé pour déconner au Tells Bells en Allemagne, parler foot avec les mecs de Millencolin et d’Ultra Vomit ou encore être reconnu par les mecs de Raised Fist qui est un de mes groupes préférés, les 2 mecs pour qui on a joué à Birmingham, les 2 ou 3000 furieux devant qui on a joué en Espagne… Je suis sûr que j’en oublie des trop folles. 

Julien : Celles qui m’a marquée c’est la date à Norwich je crois. Concert moyen, nuit à chier, cette putain de douche bizarre et flippante, et cette obligation de rester à l’étage en attendant le retour du barman le lendemain. Le problème c’est qu’en me levant assez tôt j’ai commencé à tourner en rond, je suis descendu, remonté, redescendu, puis j’ai tenté de sortir du bar, j’ai cherché des clefs, forcé les portes de la salle de concert etc... Bon du coup j’ai déclenché les alarmes et le barman arrivant en panique nous a un peu demandé de nous barrer de là puisque lui-même avait été averti par les flics. Flics qui lui ont adressé un PV !! (rire). Encore aujourd’hui je pense qu’il ne nous aime pas trop (rire) Bon du coup en partant on a oublié notre Backdrop ! Il a dû en faire des copeaux.

Elio: En Allemagne, l’arrestation d’un des gars de l’équipe, au pied de l'hôtel, avec les flics qui viennent fouiller la chambre, pendant que tu as Max qui continue à regarder ses mails posé en caleçon dans son lit, moi qui sortait de la douche et les autres, rien à foutre en train de se marrer de la situation. Bref, je te laisse visualiser la scène.


Si on se repenche sur les critiques que vous avez reçues jusque-là on se rend compte de 2 choses. Elles sont globalement très positives et vous avez une sacrée couverture médiatique, en France comme à l’étranger puisqu’on a pu vous voir à la télé, à la radio, dans les magazines et sur internet via des webzines comme AN. Ça procure quel effet de voir son travail autant reconnu ?

Max : C’est super chouette. C’est flatteur quelque part. C’est une belle récompense d’être écouté par des « leaders d’opinion » d’une scène. Mais au final c’est uniquement de l’investissement personnel et de la passion. De l’envie, de l’huile de coude et un tout petit peu de chance. Il n’y a pas de miracle en fait. C’est le message que je donnerais aux groupes motivés qui débutent : Transpirez et vivez. 

Julien : On a vraiment les pieds sur terre et voir des critiques de notre travail est toujours étonnant. On accueille toujours cela avec beaucoup d’humilité.

Elio: C’est beau ! Et quand tu as des petits moments de doute, jeter un œil dans toutes les chroniques/vidéos/live review etc… Ca recharge à bloc ! 

Ça ne met pas la pression pour la suite ?

Max : Sincèrement, je ne me mets absolument pas la pression pour la musique. Ce n’est que de la passion. La reconnaissance est vraiment belle quand elle est au rendez-vous. Mais notre démarche est sincère. Du coup, si les gens adhèrent c’est un vrai bonus mais ça n’est pas une finalité. Composer, écrire est un exutoire. Un moyen d’exorciser ou d’extérioriser une émotion. C’est une sorte de remède contre la morosité du quotidien. Si les gens adhèrent à la musique et au message alors… Tant mieux. Sinon, ce n’est pas grave.

Julien : Pas vraiment. En fait notre principal but est de jouer un maximum. En fonction de nos possibilités et de nos disponibilités. Nous ne vivons pas de notre musique. C’est une passion. Une passion qui prend du temps, une passion demandant des sacrifices mais une passion saine et sincère. Sur scène on ne fait pas semblant. On est vraiment ce que vous voyez sur scène !!

Elio : Pas besoin de se mettre la pression, il faut faire ce que tu aimes et ne pas chercher à plaire à tout le monde.

Comme on le disait, les critiques sont généralement bonnes. On a pu en retrouver une par contre qui était vraiment mauvaise avec vous. Il se trouve qu’elle est issue d’un média des Pays-Bas dont, ironie de l’histoire, vous avez le nom de la capitale dans le titre du groupe. Plutôt que de chercher à comprendre pourquoi vous ne leur avez pas plu, car les goûts sont vraiment personnels, pouvez-vous nous parler de l’origine du nom du groupe ?

Max : Oui, tu as raison. Ils nous avaient drôlement saqués pour le premier album. La seule chronique pourrie à ma connaissance, mais on ne peut pas plaire à tout le monde. Il y’en a peut-être d’autres que j’ignore. 

Julien : Oui, je m’en souviens de cette critique. En effet c’était assez agressif. Bon, il n’a pas aimé… Au moins on lui a fait ressentir un truc, même si ce n’était que du dégoût (rire).

Max : Et bien le nom du groupe est arrivé sur le tapis car j’ai fait un road trip avec des potes en Europe du nord et sur le chemin du retour, nous étions passés par Amsterdam. Tu peux retrouver la genèse du nom du groupe dans notre premier album Dear Diary. Dans l’outro de notre premier album, James Munoz (chanteur du groupe The Bled) interprète un « boucher » malsain. Je ne sais pas si tu connais Amsterdam mais c’est aussi cosy que glauque. On a eu le sentiment de tomber dans un film de Tarantino : une pauvre nana en vitrine, un dealer de LSD, un flic 10 mètres plus loin, des mecs défoncés après avoir trop squatté les coffee, des enfants qui se baladent au milieu de tout ça dans l’insouciance la plus totale, une librairie, un boucher…. Tout est normal là-bas. On a voulu surfer sur ce côté malsain sans limite, dans un environnement où tout est cautionné, sur la sémantique du quartier rouge. Un beau focus sur le monde d’aujourd’hui : malsain où l’argent donne du pouvoir.

Nous évoquions plus tôt les nombreux groupes français qui s’exportent. Chez AN on essaye de braquer les projecteurs sur notre scène nationale bien garnie. Vous suivez un peu ce qu’il se passe de ce côté-là ? Y a-t-il des groupes que vous affectionnez particulièrement ?

Max : Sur Lyon, on a de super groupes. Si je devais faire un focus en particulier, je parlerais de Resolve si tu es fan de While She Sleeps. Oakman si tu aimes ce qui est pop-punk. A Toulouse, il y a Riviere qui est très cool également, si tu es fan de Deftones, il faut écouter.

Julien : J’appuie Max au sujet de Oakman. Sensation garantie, songwriting ultra bon, voix magique et possédée, gros gros potentiel. J’affectionne aussi l’univers sombre des Young Cardinals. On a également In Arkadia, en live ça démonte tout. Apply For A Shore, Mate’s Fate ou Resolve à suivre de très près. Sinon, j’écoute et je regarde l’aventure de la locomotive actuelle, les stratosphériques Gojira bien entendu. Putain quel groupe !! 

Elio : Les Landmvrks sont cools aussi, Blankers Republic, Stereoptypical Working Class, et les groupes cités par Max et Julien.

Nous arrivons à la fin de l’interview. Avant de conclure, avez-vous un mot à adresser à vos fans ?

Max : 1000 mercis pour le soutien, et encore merci si tu es arrivé à lire ces lignes. Petit message pour les promoteurs / assos françaises : On joue 80% de nos dates à l’étranger mais on serait très content de jouer en France.
Je ne saurais vous conseiller de lire l’essai de Kant « Qu’est-ce que les Lumières ? » qui est en libre accès sur internet. Ces quelques pages ont révolutionné ma vie personnellement. 

Julien : Un immense et incommensurable merci pour votre soutien. Continuer de sauter, taper, bondir, gueuler, beugler, hurler, slamer, serrer les dents, lever les poings, balancer les bras, guiboler comme des dingues etc. 

Elio : un immense merci ! Les messages que l’on reçoit, les quelques mots que l’on échange après les concerts ou dans la rue, c'est ce qui nous motive. On a hâte de vous faire découvrir ce nouvel album.

Enfin, si on peut vous souhaiter quelque chose pour les mois à venir, qu’est-ce que ça serait ?

Max : Avoir suscité l'intérêt et de l'émotion. Ça serait notre plus belle victoire je pense. Du festival et des tournées avec nos groupes préférés, encore. Vous rencontrer, toujours.

Julien : DES LIVES ! ;)

Elio : des concerts, des festivals et des rencontres !

Merci !

Elio : Merci à vous, Alternativ News !

Interview : Axel G.

Merci à TARLD.






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