jeudi 7 décembre 2017

Chronique : Glassjaw - Material Control

15 ans. 15 ans que Glassjaw nous fait patienter pour sortir un troisième album. Bon entre temps, on a eu droit à des projets solo ou parallèles et même 2 EPs, mais depuis Worship And Tribute, on a quand même du ronger son frein pour aboutir à cette troisième galette du groupe culte de la scène de Long Island. Et puis, un peu naïvement, on espérait secrètement entendre un Worship And Tribute part 2 : agressivité, mélodies, refrains imparables, le tout emballé dans une technicité et un groove qu’eux seuls ont réussi à maîtriser avec autant de talent. Mais il faut rapidement se rendre à l’évidence. Material Control, dont la sortie n’a été annoncée qu’il y a quelques semaines, prend à contre-pied tout le monde.

Si vous pensez qu’avec le temps, Glassjaw s’est assagi, et ben vous allez en prendre plein la gueule. Le groupe version 2017 n’a plus rien à prouver, si ce n’est à eux-mêmes. Et finalement, "Shira", le seul morceau balancé sur la toile avant la sortie express du disque était un leurre puisqu’il s’agit sans conteste possible du titre le plus proche de ce que le groupe a sorti depuis ses prédécesseurs, où la mélodie est évidente et entre directement dans la tête. C’est le reste qui déroute l’auditeur. Il y a bien de la mélodie, mais elle est arrive en deuxième ou troisième lame, subtilement cachée derrière ces murs de guitares agressives et cette section rythmique du feu de dieu (toujours ce groove imparable). Avoir embauché le futur-ex-batteur de Dillinger Escape Plan était un idée judicieuse car le bougre offre à Glassjaw toute sa puissance et sa technicité sans faille, qui sied à merveilles à leurs aspirations.

"New White Extremity" ouvre la galette et envoie directement dans les cordes avec ces guitares ultra dissonantes, la voix de Daryl presque noyée dans le mix (elle est utilisée comme un instrument à part entière, un peu à la manière Deftones), et un refrain pas forcément hyper catchy. On sait que c’est bon, mais on ne sait comment pas trop comment apprivoiser cet album. "Citizen" et "Gogotha" jouent aussi dans la catégorie poids lourd en balançant du riff à foison, et il faut attendre "Strange Hours" pour respirer un peu.

Plus on s’enfonce dans l’album, et moins on a de repères (l’instrumentale "Bastille" qui débouche sur la triplette hyper rentre dedans "Pompeii", "Bibleland 6" et "Closer" où les guitares sont chaotiques au possible). C’est avec "My Conscience Weighs A Ton’’ et "Cut and Run" que se termine Material Control et elles permettent de retrouver l’identité sonore des deux premiers albums. La vache ! Après une écoute, on ressort totalement sonné et désorienté, conscient d’avoir pris une baffe, mais aussi totalement largué par le groupe. Ce n’est réellement qu’au fil des écoutes que l’on réussit à appréhender cet album que l’on a tellement attendu, et qui au final fait un sacré effet.  

Material Control est un album exigeant, court et intense (la moitié des titres passe sous la barre des 3 minutes) et pas évident d’accès lors des premières écoutes. Il faut vraiment prendre un casque et se mettre dans sa bulle pour en apprécier toutes les subtilités. Et surtout, c’est un vrai album de post-hardcore, dans le sens noble du terme, comme on pouvait le pratiquer au début des années 2000. Si vous découvrez Glassjaw avec cet album, vous risquez d’être déroutés avant d’être pris dans ce tourbillon sonique. Mais le jeu en vaut la chandelle puisque la bande a sorti un très bon disque, qui continue à se dévoiler avec le temps. Welcome back boys ! 

4/5 
Recommandé si vous aimez : Deftones meets Converge meets Dillinger Escape Plan

Guillaume W. 




4 commentaires :

Eric a dit…

Tout à fait d'accord avec ta chronique. Au début totalement dérouté, mais au fur et à mesure des écoutes l'album s'avère vraiment génial.

Eric a dit…

Par contre j'ai une question :
Qui est le bassiste crédité sur l'album ??
Est ce travis sykes (ex glass could) qui fait parti du line up live actuellement ?
Car ce dernier est vraiment exceptionnel !
Merci de me répondre.
Cordialement.

Alternativ News a dit…

Hello Eric,
Apparemment Sykes n'a pas participé à la composition du disque.
C'est Justin Beck qui a créé la totalité des musiques du disque (sauf la quasi-totalité des batteries qui sont de Billy Rymer de TDEP).
Sébastian D.

Eric a dit…

Mince alors !!
Il joue vraiment bien de la Basse.
Après c'est pas forcément un guitariste exceptionnel donc c'est pour ça que je suis surpris.
Merci pour ta réponse en tout cas.