lundi 14 août 2017

Live Report : Placebo + The Jacques @ Foire Aux Vins, Colmar - 05/08/17

Placebo dans une foire aux vins ? La blague, et pourquoi pas Marilyn Manson à la fête de la saucisse tant qu’on y est ? Mais non, ne vous méprenez pas, nous parlons bien ici du festival de la Foire aux Vins d’Alsace, qui a lieu à Colmar (68) tous les ans et qui fête cette année ses 70 ans ! Car en plus de ses gigantesques halls d’expositions en tous genres, le théâtre situé dans l'enceinte du Parc des Expositions offre les 11 soirs de la durée de la manifestation son lot de concerts. Le programme de cette cuvée 2017 proposait entre autres Sting, les Pixies, Les Insus ou encore la fameuse Hard Rock Session que nous avions couvert l’année dernière pour Limp Bizkit (live report en ligne ici).

Samedi 5 août, il fait beau et chaud à Colmar pour la venue de la bande à Brian Molko et Stephan Olsdal, en pleine tournée anniversaire des 20 ans de leur premier album éponyme paru en 1996. Le temps de récupérer nos accréditations et de donner les places aux gagnants de notre concours, c’est vers 18h35 que nous entrons dans la coquille semi-plein-air du festival, qui mettra du temps à se garnir. Le concert n’est pas complet, un peu plus de 5 000 personnes (sur les 10 000 possibles) ont fait le déplacement au final, ce qui est plutôt honorable sachant que le groupe joue depuis mi-octobre 2016 pour cette tournée (et que plusieurs dates en France ont déjà eu lieu). 

18h45, passage par l’espace presse pour la conférence de The Jacques, la première partie totalement inconnue de la soirée. Quatre jeunes garçons venant de la mythique ville de Bristol d’à peine plus de 20 ans déjà bien portés sur l’alcool, mais plutôt à l’aise avec les questions des journalistes. On y apprendra qu’ils ont été dans les mêmes collèges et lycées que Brian Molko (mais qu’ils ne lui ont pas encore parlé), qu’ils ont enregistré leur premier EP là où Queen a enregistré "Bohemian Rhapsody", qu’ils aiment le vin (même si le clavier buvait de la bière à ce moment-là) et qu’ils font du rock mais qu’ils n’ont pas de barrières musicales (le chanteur a avoué écouter majoritairement du reggae)… A voir maintenant ce que cela peut donner en live.



19h30, les fameux THE JACQUES, entrent en scène. Le chanteur blond peroxydé a troqué son t-shirt taché de vin rouge pour un costume trois pièces rose et blanc bien kitsch, alors que son frère à la batterie est toujours caché en dessous de sa casquette (mais avec une autre chemise s'il vous plait). Le frontman est un bon croisement de Pete Doherty et de Liam Gallagher, niveau nonchalance, on atteint des sommets, ce dernier oublie même parfois de chanter en face de son micro, alors que de son côté, un peu dans sa bulle, le bassiste arbore un grand sourire et braille de temps à autre quelques paroles tout en dansant dans son coin.


Musicalement on est proche du son de The Libertines, avec plus de claviers, mais rien de bien nouveau, ni même intéressant sans être méchant. Vu qu’il fait chaud, le chanteur tombera la veste, puis la chemise, jusqu’à emprunter le t-shirt Bob Marley de son roadie pour ne pas finir torse nu sur scène. Le clavier essayera de communiquer avec le public, sans grand succès, et viendra taxer une cigarette et du feu à une jeune femme du premier rang.



On pensait avoir à faire à un petit set amuse-bouche de trente minutes, mais au final les Britanniques vont jouer plus de 50 minutes, malgré quelques soucis de son et des gros larsens en provenance du second micro du chanteur. Alors que le public salue poliment le départ des garçons, ces derniers reviennent sur scène à la surprise générale pour en remettre une couche ! Même si il n'y avait rien de vraiment désagréable à les écouter, l'attente fut longue et ce fût probablement le rappel de trop…



20h55, le concert de PLACEBO débute. En guise d’introduction, l’écran géant qui recouvre tout le fond de scène, diffuse la vidéo inédite du clip d’"Every You Every Me", dévoilée au public pour la première fois en octobre 2016 et tirée des archives du groupe jusque là jamais montré au public depuis son tournage en 1998. Une courte vidéo d'introduction rétrospective sur le groupe suit et le show peut enfin démarrer.

Quatre musiciens entrent en scène, deux claviers, le batteur et un guitariste supplémentaire, puis vient l’immense Stephan Olsdale, rejoint en dernier sous les cris du public par un souriant Brian Molko : "Pure Morning" peut commencer. Le son est gros, mais la voix de Brian a du mal à percer (c'est l'impression que nous avons depuis le sixième rang dans la fosse), et ça sera le cas une bonne partie du concert.



Les deux amis de longue date vont délivrer un show de très bonne facture proposant à la fois les hits du groupe, mais aussi une bonne série de titres moins radiophoniques dirons-nous, comme "Jesus' Son" (sur lequel on a du mal à discerner le violon), "Devil In The Details" ou encore "Space Monkey". La première partie du concert sera d'ailleurs beaucoup plus compliquée pour les novices du groupe ou ceux qui ne connaissent Placebo qu'avec leurs singles.



Brian, décidément très joyeux (beaucoup plus rassurant quand on se souvient du tout premier concert de la tournée annulé), cherche du regard Stephan, s’avance vers le troisième guitariste, se regarde à plusieurs reprises dans les écrans géants, parle au public notamment pour nous remercier à la fin de "Loud Like Love".
Petite anecdote, chaque morceau joué aura le droit à une nouvelle guitare ! D'ailleurs, la plupart des musiciens échangent d'instruements à plusieurs reprises, Stephan alterne guitare-basse et même le piano sur "Too Many Friends", derrière aussi, on joue à la chaise musicale avec le guitariste qui passe au piano ou le clavier qui s'empare de la basse. Tout est bien orchestré et rôdé !



Viens le moment de "Protect Me From What I Want", malheureusement jouée en français (mis à part les refrains)… On leur aurait sûrement reproché de ne pas l’avoir jouée dans notre langue en France si il ne l’avait pas fait, pourtant elle est tellement mieux en Anglais ! Puis séquence émotions avec "Without You I’m Nothing" et les vidéos de Brian et de son ami feu-David Bowie qui défilent sur les écrans géants, faisant hérisser tous les poils de mes avant-bras !



Jouer "36 Degrees" c'est super, mais la jouer dans une version plus lente, c'est juste frustrant ! On aurait aimé retrouver la puissance du riff originel, alors que là, c'était juste mou. Pour réveiller un peu le public, un peu endormi depuis quelques minutes, le groupe lance l'énergique "For What It's Worth" tirée de l'album Battle For The Sun, qui fait littéralement sauter tout le monde. La suite ne sera qu'un enchaînement de tubes, que ça soit les « pada-pa padalalala » sur "Special K", la magnifique "Song To Say Goodbye" ou encore le classique "The Bitter End", les spectateurs en auront pour leur argent et s'époumoneront à cœur joie sur ces derniers.



Premier rappel et rebelote avec le coup du ralentissement de tempo sur "Teenage Angst" ! C'est un peu rageant pour le coup d'avoir une seconde fois ce sentiment de ne pas pouvoir profiter à fond du morceau. A ce moment, autant la faire complètement en acoustique.
En revanche "Nancy Boy" qui suit aura le droit aux grosses guitares pour notre plus grand bonheur et Stephan en profitera pour brandir bien haut sa basse aux couleurs de l'arc-en-ciel.

Pour bien nous achever, c'est "Infra-Red" qui clôture ce set de plus d'1h50, avec des gentils messages sur les écrans géants à l'attention de Mr. Trump. Le groupe salue son auditoire et quitte la scène, mais les lumières ne se rallument pas et les spectateurs se font entendre. Les six musiciens réapparaissent et terminent en beauté sur "Running Up That Hill", leur reprise du morceau culte de la chanteuse Kate Bush. Brian et Stephan font durer le plaisir du larsen en jouant de longues secondes avec leurs amplis, avant de saluer une dernière fois, apparemment heureux et satisfaits, et de disparaître de la scène.








Troisième passage pour Placebo à la foire aux vins de Colmar et bilan positif pour cette belle soirée d’été. Ok le son de la voix de Brian Molko n'était pas toujours tout à fait audible et on pourrait revenir sur sa coupe de cheveux, ou plus sérieusement sur le choix de la setlist : "Every You Every Me" en live aurait été la bienvenue en lieu et place de son clip, et pourquoi ne pas jouer plus de ce premier album dont c'est l'anniversaire au final. Même si le concert n’était pas sold-out et qu'on sent la formation un peu en mode autopilote, le public a répondu présent et a participé à cette belle fête qui aura duré deux heures.

Texte : Sébastian D.

Photos par Benoît Facchi (utilisées avec l'autorisation de la FAV2017)

Merci à Stéphanie, Juliette et la Foire aux Vins de Colmar.

setlist :

Pure Morning
Loud Like Love
Jesus' Son
Soulmates
Special Needs
Too Many Friends
Twenty Years
I Know
Devil in the Details
Space Monkey
Exit Wounds
Protect Me from What I Want
Without You I'm Nothing
36 Degrees (slow)
For What It's Worth
Slave to the Wage
Special K
Song to Say Goodbye
The Bitter End
--- rappel 1 ---
Teenage Angst (slow)
Nancy Boy
Infra-red
--- rappel 2 ---
Running Up That Hill (A Deal with God) (Kate Bush cover)



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