En mai dernier, nous avions pu nous
entretenir avec Alex Babinski, guitariste du groupe PVRIS. Leur album All We Know Of Heaven, All We Need Of Hell sort le 25 août 2017 : pour tous les curieux qui veulent en savoir un peu plus sur l'écriture et l'enregistrement de ce nouvel opus, mais aussi sur les objectifs et les souvenirs qui ont marqué le guitariste, rendez-vous dans la suite du post !
Salut
Alex, ravie de te revoir ! Nous avons dû attendre une année entière avant
que vous ne reveniez à Paris, ça commençait à faire long…
Alex : Je suis super content d’être de retour ici ! On adore Paris et on essayera de venir aussi souvent que possible, en espérant qu’on puisse venir au moins une fois par an.
Qu’as-tu pensé de la réaction des fans hier soir, face aux morceaux 'Heaven' et 'Half' ?
J’ai trouvé les réactions incroyables ! Les fans ont levé des feuilles quand on a joué 'Heaven', j’ai pris une photo de ce moment-là. Ça m’a vraiment fait chaud au cœur.
Avez-vous aussi droit à ce genre de trucs dans les autres pays ?
Je dirais que non… Le public anglais nous réserve toujours un accueil un peu spécial aussi, mais rien n’est comparable à Paris ! Ici, nous avons droit à ces pancartes, des tonnes de cadeaux extraordinaires, nos fans français sont vraiment géniaux.
Pourquoi
avoir choisi Heaven comme premier extrait de votre nouvel album ?
C’était une décision plutôt unanime, nous n’avons pas eu à réfléchir longtemps. Nous avons décidé, tous ensemble, que c’était un morceau parfait pour marquer la transition entre White Noise et All We Know Of Heaven All We Need Of Hell, et c’est la première chanson sur laquelle nous avons travaillé pour cet album, la première que nous avons enregistrée… et, pour le moment c’est encore secret mais vous le découvrirez plus tard, c’est également le morceau d’ouverture de ce deuxième album. Ça nous semblait donc naturel de l’utiliser comme premier extrait.
Est-ce que, d’après toi, il est représentatif de l’album au complet ?
Mmh… assez représentatif, oui, mais en même temps je trouve aussi que c’est celui qui ressemble le plus à ce que nous avons pu faire auparavant. Donc parfait pour servir d’introduction ! Cela dit, il n’y a pas deux chansons qui soient identiques sur cet album.
Peux-tu
nous dire quelle est ta chanson préférée sur l’album ?
Ce serait 'Half', l’autre chanson que nous avons jouée hier soir ! J’adore l’écouter dans sa version studio et la jouer en live.
Et
comment toi et les autres membres du groupe vous sentiez-vous le jour où vous
avez dévoilé 'Heaven', le 1er mai ?
Nous avions enregistré cette chanson en octobre ou novembre de l’année dernière. Après quelques mois, on était très impatients de faire entendre ça aux fans… du coup, c’était comme un poids en moins sur nos épaules ! Et puis on va pas se mentir, ça nous a fait encore plus plaisir quand on a vu à quel point les fans ont réagi de façon si positive. Ce jour-là, nous avons guetté toutes les réactions et lu tous les commentaires sur Facebook, Youtube, Twitter… Pour être honnête, je n’ai pas regardé entre temps, mais comme le premier jour il n’y avait que des retours positifs, je n’ai pas trop peur de retourner lire ce qui a été dit depuis !
Ces
derniers temps, des groupes comme Paramore, All Time Low ou encore Fall Out Boy
ont dévoilé de nouvelles chansons et les fans se sont montrés plutôt
sceptiques, parfois mêmes déçus du tournant qu’avaient pris les groupes… Alors
qu’avec Heaven, les réactions semblaient effectivement plutôt unanimes, ça
devait être un sacré soulagement…
Carrément ! Je t’avoue que je suis un grand grand fan des nouveaux titres de Paramore et de la dernière vidéo qu’ils ont sorti, je trouve ça vraiment génial. Mais, oui, faut dire que pour nous c’était assez stressant, on sait à quel point les fans et les critiques peuvent se montrer intransigeants si quelque chose ne leur plaît pas.
Tu
parles de vidéo, j’en profite pour embrayer sur ce sujet-là : penses-tu
que vous allez faire comme pour White Noise et sortir un clip pour chaque
morceau ?
On l’espère ! C’est dans nos plans en tout cas, après tout dépendra du timing, du temps que nous aurons à consacrer à des clips… Mais je trouverais ça dommage si on ne le faisait pas.
Il me semble que l’écriture et l’enregistrement de ce deuxième album étaient un peu particuliers, pourrais-tu nous en dire plus à ce propos ?
Oui bien sûr ! Pour commencer par l’écriture, c’était assez spécial et plutôt drôle : les trois années avant l’enregistrement, nous étions sur la route, on enchaînait les tournées et la promo pour White Noise. Nous avons essayé d’écrire un peu tous les jours depuis… Et c’est pour cela que je pense que c’est un bon album : il reflète bien ce que nous avons appris pendant ces années, les épreuves que nous avons dû traverser et comment nous les avons surmontées, ou les choses qui nous rongent ou nous manquent. Nous abordons des sujets qui nous tiennent beaucoup à cœur, des choses très personnelles, dans lesquelles je pense qu’un grand nombre de fans sauront se reconnaître.
Ensuite, nous avons passé énormément de
temps à chercher l’endroit idéal pour enregistrer. Nous avons pensé à l’Europe,
à Londres, puis nous avons trouvé cette vieille église qui datait des années
1920 – bon, c’est peut-être pas si vieux que ça à vos yeux, mais ça l’est pour
un bâtiment américain ! Elle s’appelle Big Blue North et se trouve dans
une petite ville dans l’Etat de New York. C’était une expérience unique
d’enregistrer dans un lieu comme celui-là, et très différent de
l’enregistrement de notre premier album ! Nous avions enregistré White
Noise dans une chambre à coucher avec seulement quelques amplis, et là nous
nous sommes retrouvés dans cette immense église qui disposait de tout le
matériel dont on pouvait rêver. Nous avons pu obtenir les sonorités exactes que
nous recherchions, c’était génial !
Et en
ce qui concerne les paroles, tu disais à l’instant qu’elles reflétaient vos
vies de ces dernières années, où PVRIS est passé du statut d’un « petit
groupe » du Massachusetts à un groupe ultra-reconnu qui tourne dans le
monde entier et se retrouve en Une des magazines musicaux les plus réputés…
Pourrais-tu nous en dire plus sur les sentiments que vous avez ressentis et que
vous abordez dans cet album ?
Je ne sais pas ce que je suis autorisé à dévoiler ou non pour le moment, mais l’ambiance générale reste très sombre et mélancolique, on y aborde des sujets tels que l’amour, la perte, le changement… des choses que chaque individu connaît, mais qu’on a peut-être parfois ressenti plus intensément ou dans un contexte différent.
Vous avez travaillé sur cet album avec la même équipe que pour le premier…
Oui ! C’était une si bonne expérience pour White Noise – et on voit bien que ça avait porté ses fruits – qu’on a voulu réitérer l’expérience. Nous adorerions garder cette même équipe aussi longtemps que possible. C’est pour ça que c’était si chouette qu’on puisse louer ce studio-là, dans cette église, car on a pu emmener Blake [Harnage] avec nous. Il avait déjà produit notre premier album et cela nous semblait naturel qu’il produise aussi ceux qui suivront, aussi longtemps que possible. Et puis on avait très envie de travailler avec lui dans cet environnement si particulier ! C’était vraiment parfait d’avoir toutes ces personnes de confiance – et talentueuses – autour de nous.
En une seule phrase, pourrais-tu décrire votre deuxième album et nous donner envie de l’acheter dès le jour de sa sortie ?
Alex : Oh, alors… Est-ce que j’ai droit
à un joker ? J’aimerais utiliser l’appel à un ami pour appeler
Brian ! [Alex appelle Brian, puis lui répète la question]
Brian : Euh… « Nouveaux
morceaux » !
Alex : Quoi, c’est tout ?
« Nouveaux morceaux », sérieusement ?
Brian : Bah c’est déjà pas mal, ça fait
trois ans qu’ils écoutent les mêmes chansons les pauvres, « nouveaux
morceaux » ça veut dire beaucoup !
Alex : Bon, je pense qu’on devra se
contenter de cette réponse-là, en espérant que ce soit suffisamment
convaincant ! Merci quand même, Brian !
Brian : Tu devrais quand même savoir
que je suis pas l’ami qu’il faut appeler quand t’as besoin d’aide !
Hier,
vous avez aussi annoncé que vous seriez de retour à Paris le 18 novembre,
j’imagine que ce sera pour une tournée européenne plus longue que celle-ci, et
sans doute dans des salles plus grandes… J’ignore si tu as le droit de nous
donner cette info, mais est-ce que vous prévoyez plus de dates dans d’autres
villes françaises ?
Oui, on prévoit pas mal de dates en Europe
cet automne ! Par contre, je ne suis pas sûr de ce que j’avance à 100%,
mais il me semble qu’il n’y aura qu’une seule date française, et ce sera celle
de Paris… C’est dommage d’ailleurs, parce qu’on adore votre pays et on aimerait
beaucoup le découvrir un peu plus !

Oh oui, bien sûr que je m’en souviens !
C’est vrai qu’on avait dit qu’on viendrait une autre fois, mais je pense que
notre agenda et celui des organisateurs n’a pas collé pour cette fois… Mais ce
serait vraiment, sincèrement avec plaisir qu’on jouerait là-bas !
Vous
êtes à l’affiche de quelques grands festivals cet été, est-ce que vous prévoyez
de jouer d’autres nouvelles chansons ?
Oui ! Dès qu’on rentre aux Etats-Unis,
on enchaîne avec la tournée avec Muse et 30 Seconds To Mars, et on travaillera
sur l’une ou l’autre nouvelles chansons pour les jouer en live dès cette
tournée-là si possible, puis peut-être l’une ou l’autre en plus pour les
festivals qui suivront ! Ce sera un tout nouveau show.
D’ailleurs,
l’affiche de cette tournée a fait pâlir tous les fans européens, on est super jaloux
que les meilleures tournées soient toujours réservées aux USA ! Comment
as-tu réagi quand tu as appris que tu allais tourner avec Muse et 30 STM ?
La toute première fois qu’on m’a évoqué
cette tournée et qu’on m’a dit que PVRIS allait assurer la première partie,
j’ai cru que c’était une blague, que notre manager se payait nos têtes. Quand
PVRIS a vu le jour, nous nous étions retrouvés avec Lynn et Brian dans la cave
où on répétait, et on avait eu une grande discussion sur les groupes avec
lesquels on rêvait de partir en tournée… On avait évoqué Paramore, Fall Out
Boy… mais aussi Muse et 30 Seconds To Mars. Mais à l’époque, on ne pensait pas
une seule seconde que ce serait un jour possible ! Alors que maintenant,
on a déjà pu réaliser tant de nos rêves… et pourtant, nous n’en sommes qu’au
début.
Mais
vous avez encore quelques rêves en stock ?
Oui, il y a toujours des groupes avec
lesquels on n’a jamais eu l’occasion de tourner ! On a parlé de Linkin
Park tout à l’heure [avant le début de l’interview], c’est aussi un groupe avec
qui on adorerait jouer.
Si
vous organisez une tournée américaine avec Linkin Park, je serais obligée de
venir du coup !
Ah ! Ben très bien, je note et je garderai ça en tête ! Si ça devait arriver je serais comme un gamin… et j’imagine que si un jour on m’annonçait un truc comme ça, je croirais encore une fois que c’est une blague !
Après
trois ans à tourner pour White Noise
avec seulement une dizaine de chansons, y a-t-il certains morceaux dont tu
commences à te lasser en live ?
Non, pas quand on les joue en live, parce
qu’on aime bien les arranger un peu différemment d’un soir à l’autre, essayer
de nouvelles choses et changer les setlists d’une tournée à l’autre. Et il
arrive que certains soirs, l’un d’entre nous arrive avec un arrangement que
nous n’avions jamais entendu auparavant. On s’autorise aussi de plus en plus
d’impro, et comme on se connaît sur le bout des doigts maintenant, ça sonne
généralement plutôt bien !
Quelle
est la chanson que tu préfères jouer en live ?
Ces derniers temps, je dirais 'Eyelids' en ce
qui concerne les anciens morceaux. Quant aux nouveaux… je n’arrive pas vraiment
à choisir entre 'Half' et 'Heaven', mais s’il faut trancher je pense que je
choisirais 'Half', parce que comme je le disais avant c’est la chanson que je
préfère sur notre nouvel album ! Et puis elle commence avec une intro à la guitare que j’adore jouer.
Avant de fonder PVRIS, vous faisiez partie d’autres groupes et vous avez exploré divers univers musicaux… Y a-t-il une époque dont tu as un peu honte aujourd’hui ?
Je ne crois pas que je puisse encore
ressentir de honte à propos de quoi que ce soit [Alex rit et lève les yeux au
ciel, l’air quand même un peu gêné], j’assume toutes les étapes par lesquelles
nous avons dû passer pour en arriver là. Notre ancien groupe à Lynn et moi,
Operation Guillotine, était un tout petit groupe local, nous n’avons jamais
rien fait qui puisse être relevé… C’était peut-être pas très bon, mais je ne
regrette pas cette époque parce que c’est elle qui m’a permis de rencontrer
Lynn, c’est comme ça qu’on s’est lancés dans la musique ensemble et qu’on a
appris à se connaître et à s’apprécier. Sans ce groupe-là, il n’y aurait jamais
eu PVRIS !
Wow, c’est pas évident d’en choisir
seulement trois… [Il jette un regard en direction de Brian]
T’as
déjà utilisé ton joker, tu peux plus appeler Brian maintenant !
Ah mince ! Mais bon, vu comme il a été
efficace la première fois c’est peut-être pas une mauvaise chose… Bon, pour en
revenir aux trois points, c’est compliqué de les choisir parce qu’en fait, on a
déjà accompli bien plus que ce qu’on rêvait d’accomplir au début. Jamais on
n’aurait osé imaginer en arriver là, alors chaque nouveau tournant ressemblait
à un point culminant ! Jouer au Madison Square Garden avec Fall Out Boy
était clairement l’un des moments les plus forts de ma vie. Toutes nos
premières fois ont été mémorables : le moment où on a signé avec le label,
notre première tournée en tête d’affiche…
Mais s’il faut en citer trois qui soient
vraiment particulières, j’aimerais parler de la première fois où nous sommes
venus à Paris. C’était une journée que je n’oublierai jamais, surtout notre
escapade nocturne sous la Tour Eiffel ! D’ailleurs ça fait quoi, quatre ou
cinq fois qu’on vient ici ? Depuis, je ne l’ai jamais vue illuminée la
nuit ! Ça en fait deux.
Pour le troisième point, je dirais…
Peut-être la sortie de White Noise !
Après tout, c’est cet album – notre premier – qui a été le déclencheur de tout
ce qui a suivi.
L’année
dernière vous aviez aussi sorti une reprise de 'Chandelier', de Sia. Est-ce que
vous prévoyez de faire d’autres covers ?
Oui, en fait on parle très souvent des
covers qu’on aimerait faire ! Mais si on n’en a pas enregistré plus, c’est
uniquement une question pratique ; on n’a pas accès à un studio digne de
ce nom si souvent que cela, et c’est assez difficile de bien travailler quand
on est sans cesse sur la route. Mais si les circonstances étaient réunies, on
passerait notre temps à en enregistrer ! J’ai essayé de faire des sortes
de petits remixs – on ne peut pas vraiment parler de remix en fait, plutôt d’un
réarrangement – sur des morceaux d’autres artistes que j’appréciais, sur mon
ordinateur. Mais je pense que d’ici un an ou deux, on essayera d’en sortir une
nouvelle !
Si tu
devais choisir une autre chanson pop, laquelle aimerais-tu reprendre ?
Ouh… Avec 'Chandelier' c’était facile :
on devait choisir une chanson dans une liste assez courte, et le choix s’est
fait très rapidement, ça nous semblait assez évident. Peut-être qu’on opterait
pour une chanson de Florence + The Machine… mais c’est difficile de s’arrêter
sur un seul morceau, il y en a beaucoup trop qu’on adore !
Comment
décrirais-tu ta relation avec Lynn et Brian ?
On est une famille. On prend soin les uns
des autres, on se soutient coûte que coûte et on s’aide mutuellement à garder
les pieds sur Terre, à rester sains d’esprit. S’ils n’étaient pas là, ça fait
des années que j’aurais perdu pied !
Vous
avez organisé des Meet & Greet sur quasiment chacune de vos tournées, lors
desquels vous prenez des photos avec les fans. Quelle est la pose la plus
étrange qu’on vous ait demandé de faire ?
Au début, les gens demandaient souvent à ce
qu’on les porte. Mais ça pouvait être dangereux et on a dû arrêter, notre
équipe et même les gens qui travaillaient pour les salles dans lesquelles on
jouait ont refusé que l’on continue. N’empêche, je trouvais ça un peu bizarre
quand même comme pose… Mais d’un autre côté j’adore quand on nous demande des
poses originales ! Hier soir par exemple, des gens nous ont demandé des
poses kung-fu, je préfère largement ça à des photos plus banales, au moins on
peut rigoler un peu ! On accepte quasiment toutes les poses folles, du
moment qu’elles respectent les limites du raisonnable.
Et
quelle est la question la plus bizarre qu’un journaliste t’ait posée ?
Mmh… Je ne sais pas, sincèrement. J’ai eu la
chance de n’être jamais tombé sur un journaliste irrespectueux, je n’ai pas
d’anecdote particulière à raconter sur ce coup-là.
Et
imagine que les rôles soient inversés et que tu deviennes le journaliste.
Quelle est la question que tu aimerais poser aux gens face à toi ?
J’aimerais savoir ce qui les motive à faire
ce qu’ils font, j’aimerais connaître leurs histoires, leur passé, ce qui les
inspire, comment ils sont arrivés là où ils sont. J’aime m’intéresser aux gens
de manière générale.
Quel
est le prochain objectif à cocher sur ta « bucket list » ?
Ils ont déjà tous été cochés ! Maintenant, l’objectif c’est de continuer sur notre lancée.
Propos recueillis par Laurie B. à Paris le 9 mai 2017.
Merci à HIM Media pour avoir organisé l'interview, puis la rencontre avec les fans qui avait suivi.
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