mercredi 31 juillet 2013

Chronique : Defeater - Letters Home

Il y a presque quatre ans, j'attribuais sans hésitation aucune, en un LP et un EP, le titre de "nouveau fer de lance du modern hardcore" à Defeater. Contrairement à leurs prédécesseurs Have Heart, le groupe du Massachusetts n'a pas déchaîné les passions au sein de la scène mais a plutôt amené une nouvelle vague de kids à s'intéresser au genre en produisant ce qu'on appellera sans péjoration un hardcore d'entrée de gamme, accessible au plus grand nombre.


Avec leur second album Empty Days and Sleepless Nights, Defeater a en effet pris des chemins plus mélodiques et plus prévisibles, tout en conservant un concept narratif unique. Letters Home surprend moins, poursuivant sur les traces de son prédécesseur.

Le rageur "Bastards" et le lent et lourd "No Shame" le prouvent d’entrée : Defeater n’a pas changé la formule de son modern hardcore mid-tempo, ses guitares claires et son chant crié mais pas hurlé. Une recette subtile qui les place entre deux genres tout en offrant un résultat solide et cohérent. Le seul élément inédit de Letters Home, c’est le nouveau batteur Joe Longobardi (Misser), qui a l’occasion de briller sur les rapides "Hopeless Again" et "No Faith".

Au point que, pour la première fois, les compositions de la formation tournent un peu en rond. Des passages qui rappellent beaucoup trop les classiques du groupe ("No Relief", en occultant l’apparition de George Hirsch de Blacklisted), un chant souvent monocorde et pour la première fois, un schéma narratif qui s’essouffle.

Derek Archambault poursuit son storytelling cathartique de l’Amérique de l’après-guerre, en se focalisant ici sur le père des deux frères de Travels et Empty Days. Si les thèmes restent universels (la guerre, l’amour, la mort, la famille sur fond socio-économique), les textes sont moins déchirants, affaiblis par une redondance prévisible du concept. L’imaginaire de Defeater va jusqu’à flirter avec le cliché en ouvrant un album intitulé Letters Home avec « I hope this finds you well » et en esthétisant à outrance l’imagerie des années 50 usée jusqu’à l’os par leurs pairs depuis deux ans (même si eux ont le mérite de l’intégrer dans une démarche cohérente).

Quelques touches de variation parviennent pourtant à dynamiser l’écoute de Letters Home, sur le costaud "Blood In My Veins" ou le dissonant "Rabbit Foot". Le distant "Bled Out" clôt le disque en confirmant aussi la capacité du groupe à créer des ambiances tout en conservant un côté brut.

Letters Home est l’effort le plus direct de Defeater. Un troisième long-jeu sombre et compact avec peu d’expérimentation, dont la cohésion tend à tomber dans la monotonie, l’ensemble n’étant pas aidé par une production moyenne. Le hardcore du combo, moins flamboyant, reste admirable d’efficacité et de singularité. Mais sur le plan de la musique comme sur celui de l'univers, Defeater devra explorer pour pouvoir se renouveler.

3,5/5 

Romain Jeanticou


01. Bastards
02. No Shame
03. Hopeless Again
04. Blood In My Eyes
05. No Relief
06. No Faith
07. Dead Set
08. No Saviour
09. Rabbit Foot
10. Bled Out

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2 commentaires :

Mariooo57 a dit…

Le dernier paragraphe résume ce que je pense de l'album, que je risque vite d'oublier d'ici les sorties prochaines de Touché Amoré, Modern Life Is War, Counterparts etc... beaucoup plus prometteurs à mon goût.

Sophie a dit…

Romain le retour !!