Trois ans plus tôt, nous découvrions Turnover qui mettaient un sacré coup de pied dans la fourmilière pop-punk endormie, avec leur premier EP alliant habilement fougue juvénile et compositions d'une maturité surprenante. Rapidement signés sur Run For Cover (comme par hasard), ils sortent alors un split 7’’ avec une autre valeur montante de la scène, Citizen – desquels on attend également impatiemment le premier long-jeu. Ces deux nouveaux morceaux révélaient une voie plus emo/alternative et laissaient Austin Getz seul au chant. Et
Magnolia de suivre cette orientation.
Magnolia de suivre cette orientation.
Quel meilleur choix sinon "Most Of The Time" comme premier single ? Le titre résume admirablement bien l’état actuel du groupe, se basant sur une session rythmique lourde et profonde tandis que les guitares et le chant possèdent toujours ce souffle pop-punk qui suscite instantanément trémoussements et sing-along. Le quartet excelle par ailleurs dans les changements de rythme, proposant sur la dernière partie un riff aux accents southern absolument imparable, propulsant le titre parmi les tubes de 2013 par anticipation.
Difficile de faire mieux ? Si le morceau précité aura laissé la plus forte impression à la première écoute, les dix autres titres se laissent découvrir en décantant habilement leurs atouts au fur et à mesure des écoutes. "Shiver" a la lourde tâche d’ouvrir la marche et en profite donc pour annoncer la couleur : on voguera plus vers Basement et consorts que du côté de Man Overboard. Tout comme Daylight, Turnover y vont de leur "Control" (cf. Colourmeinkindness) avec un chant détaché et survolant les lourdes frappes sur la caisse claire. La batterie contribue d’ailleurs à garder cette énergie punk lorsqu’elle n’hésite pas à galoper, accompagnant cependant les baisses de rythme imposées par le chant (l'excellente "Whither"). Cela devient presque une habitude, mais les influences Basement (et dans une moindre mesure Title Fight) sont encore évidentes sur ce Magnolia. Que ce soit par la puissance des riffs employés ("To The Bottom") ou les thèmes abordés, amplifiés par un chant presque aseptisé ("Hollow"), cet album rappelle même la morosité du premier Basement ("Seed", porté par la prestation sans faute d’Austin).
A ceci près que là où Daylight ont pu manquer d’ambition, Turnover affirme et affine son identité comme sur "Like A Whisper" qui puise dans l’esprit et la fougue du premier EP en y ajoutant l’ingéniosité de l’instrumentation due à l’expérience d’une part, la maturité d’écriture due aux événements vécus par Austin d’autre part. La production de Will Yip (toujours lui) réussit également plus à Turnover qu’à Daylight, même si la voix semble parfois trop survoler l’ensemble des instruments. Le talent de composition reste indéniable et l’on peut l’apprécier à sa juste mesure grâce à de nombreuses séquences instrumentales comme sur "Bloom", absolument imparable grâce à ses riffs étouffés en pleine course qui vous feront sauter de votre chaise.
Et tandis que le titre faisait la part belle aux sensibilités pop-punk de la bande, "Pray For Me" met lui l'accent sur les racines emo/alternatives du groupe grâce aux deux guitares tissant habilement leur toile d’accords et à un texte plein de ressentiment. Notons néanmoins la décevante balade acoustique "Flicker And Fade" qui ne fera vibrer aucune corde sensible si ce n'est celle de la guitare, malgré un texte touchant. Bien loin de la version acoustique de "Waiting", ou de "Comfort" (Basement) et "Hole In The Ground" (Daylight) en comparaison.
Pour autant, Magnolia tient toutes ses promesses. Turnover tiennent bien la route sur le virage plus mature entrepris lors du split avec Citizen et confirment tout le bien qu’on pensait d’eux. Privilégiant constamment la mélodie, le quartet a musclé et ralenti son pop-punk pour y ajouter une grosse louche d’emo southern très en vogue. Mais plus qu’un effet de mode, c’est leur véritable identité qui s’affirme ainsi, Austin Getz assurant quant à lui son rôle de frontman à la perfection. Un pari réussi de plus pour Run For Cover, Magnolia installant définitivement Turnover sur le devant d’une scène de plus en plus peuplée de groupes de qualité. Les jeunes musiciens ont désormais tout l’avenir devant eux et on espère déjà un prochain essai plus varié qui correspondrait pleinement à leur potentiel.
4/5
Benoît D.
01 Shiver
02 Most Of The Time
03 Whither
04 Seed
05 Bloom
06 Pray For Me
07 Hollow
08 To The Bottom
09 Like A Whisper
10 Flicker And Fade
11 Daydreaming
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