Chronique : All Time Low - Dirty Work

All Time Low, c’est la success story de la scène pop-punk. Nothing Personal ayant fait un petit carton, on se demandait où ces nouvelles chansons allaient amener le groupe. Loin de faire l’unanimité, les kids font leur comeback, et cet album était attendu par tous, mais pas pour les mêmes raisons. 

Nothing Personal contenait encore quelques soubresauts punky, bien que rien de tout ça ne sonnait personnel. On se retrouvait avec un album avec le cul entre deux chaises, et un groupe qui ne savait pas ce qu’il voulait être : être un
groupe, certes un poil moins radiophonique, mais qui aurait gardé un semblant de couilles dans le pantalon. Ou alors pousser le vice jusqu’à lâcher une grosse partie de ce qui faisait leur son, et laisser parler les mélodies tellement sucrées qu’ils doivent en avoir des caries plein la bouche. Si on juge simplement par le dernier single en date, "I Feel Like Dancin'", tout les éléments dynamiques de leur son se sont envolés : batterie très en retrait et sonnant pas naturel pour deux sous, guitares inexistantes, un chant tout ce qu’il y a de plus banal, des paroles affligeantes ("Some dude just grabbed my junk", vraiment les gars ?), mais un refrain simple et efficace qui devrait se faire une place de choix à la radio. Et la vidéo, un coup marketing évident, montre quand même que le groupe a encore de l’humour, même si le but final n’est pas si honorable que ça. All Time Low ne fait donc plus du pop-punk, mais de la pop radiophonique, il faut s’y faire. 

Tout ce qui faisait le charme du groupe sur son 1er album et sur quelques titres du 2ème s’est envolé. Ici, tout est trop. Leur côté rentre dedans a été rangé au placard, et ne ressort qu’à de très rares occasions. "Guts", pour le coup bien nommé, reste un des titres forts de Dirty Work, simplement par sa volonté de lâcher les chevaux pendant un peu plus de 3 minutes. Et putain, ce morceau laisse enfin de la place au batteur, il était plus que temps. Le refrain en fait toujours des tonnes et appuie sur la pédale cheesy à fond, mais au moins, on ressent une émotion qui n’est que peu présente, et ils ont finalement trouvé où était la disto en studio. 

Pour le reste, on a souvent l’impression d’écouter Simple Plan. Mais au moins, Simple Plan sait aller jusqu’au bout dans son truc, c'est-à-dire que les refrains sont accrocheurs. All Time Low ont dû oublier comment on composait un morceau avec des vrais couplets et un vrai refrain. Si "Do You Want Me (Dead?)" sort tout droit des années 80 avec son riff qui aurait pu sans problème se trouver sur la BO de Retour Vers Le Futur, le refrain tombe à plat assez vite. Mais ça passe encore. "Forget About It" se fout de la gueule du monde avec son couplet d’un ennui sans nom. Et sans déconner c’est quoi ce synthé dégueulasse ?

Et ils ne s'arrêtent pas là. "Just The Way I’m Not" est un pompage sans vergogne du tube de Def Leppard, "Pour Some Sugar On Me" (mais si, Def Leppard, c’est le groupe avec le batteur qui n’a qu’un seul bras), "Return The Flavor" et ses accents pseudo hispanisants est une face D de Panic At The Disco, et avec la ballade "Daydream Away", ils vont vraiment trop loin. Il y a ballade et ballade, là c’est tellement niais qu’on s’attend à ce qu’ils viennent nous faire un bisou sur le front pour nous endormir, tellement ils sont mignons ces types. D’ailleurs, tout au long du disque, je me suis demandé si Alex n’avait pas subi une ablation de la pomme d’Adam et des testicules. Aucune passion, aucune envie, le mode pilote automatique a été enclenché il y a bien longtemps.

Heureusement qu’il y a "Heroes" pour terminer sur un sursaut d’orgueil et rappeler que le groupe avait un jour été bon. On retrouve des guitares conquérantes, une efficacité et une simplicité qui font plaisir, et là c'est plus New Found Glory qui nous vient à l’esprit. C’est juste dommage qu’on ait dû se farcir "That Girl" juste avant, qui sonne comme si Enrique Iglesias s’était décidé à mettre des guitares dans ses chansons. Oui, oui, c’est à ce point. 

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, Dirty Work a tous les atouts pour faire un carton. Aseptisé au possible, surproduit, des paroles niveau CM2, des guitares qu’on entend peu, une voix qui a perdu tout son charme en cours de route. Bref, pas grand chose à sauver. On ne parlera plus de pop-punk, All Time Low, c’est devenu de la pop. Qui soit aura un succès auprès d’un jeune public, mais pour ceux qui avaient aimé le groupe lors de ses débuts, passez votre chemin, car, au lieu de progresser, la bande à Alex a joué le jeu des maisons de disques. Si c’est leur but, tant mieux pour eux. Sur So Wrong, It’s Right, ils avaient réussi à allier pop et punk avec réussite, sur Dirty Work, la transformation est complète et ils donnent l’impression de s’être tellement forcés à écrire des tubes, qu’ils ont fait fausse route. Et finalement, leur nom ne leur a jamais si bien collé à la peau. 

5/10

Guillaume W.

01. Do You Want Me (Dead?)
02. I Feel Like Dancin
03. Forget About It
04. Guts (feat. Maja Ivarsson of The Sounds)
05. Time-bomb
06. Just the Way I'm Not
07. Under a Paper Moon
08. Return the Favor
09. No Idea
10. A Daydream Away
11. That Girl
12. Heroes

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