Stellardrive est un quintet français nous provenant de Besançon (dont fait partie un ancien Gantz et un actuel Aside From A Day) qui officie dans le monde du post-rock, y ajoutant quelques influences métal et s’orientant résolument vers une musique de type « spatiale » à la God Is An Astronaut. J’avouerai ne pas avoir de point de comparaison quant à cet album, deuxième du groupe et quatrième effort dans la série des Ers (après trois EP) car je découvre le combo avec Speak, Memory. Mais ne tergiversons pas plus.
"Synesthesia" ouvre le bal avec un beau travail sur l’ambiance. On n’hésite pas à utiliser les machines chez Stellardrive, mais de manière intelligente. De fait les touches électroniques se font plutôt discrètes, comme un 65daysofstatic à l’agonie. Les Français ont bien compris qu’une couche d’effets dégueulasses ne rendait pas la musique meilleure, contrairement à nombre de leurs homologues. En fait tout est discret sur cette introduction : le clavier, la batterie, les guitares... Comme si aucun des instruments ne désirait prendre les devants. "Burnt" est la suite logique car elle reprend la même mélodie, les machines en moins. Le mix est très bon, chaque instrument trouvant sa place sans gêner les autres. Les machines reviennent pour une montée en puissance avant la délivrance, ce moment tant attendu où les guitares peuvent enfin s’exprimer, lorsqu’elles deviennent plus lourdes, plus agressives, lorsque les simples notes se transforment en riffs ravageurs. Autant le groupe sait se faire doux, autant il vient de prouver qu’il aime jouer fort. Le rythme faiblira inéluctablement, laissant la batterie mener le morceau vers sa conclusion.
"Amuptaum" est sans doute le pilier de la galette. Stellardrive a décidé de ne pas tortiller du cul pour chier droit, sage décision ! Exit les introductions de cinq minutes aux trois notes de guitare, le groupe tout entier entre directement dans le sujet après trente secondes. Les Bisontins ont parié sur l’efficacité et font mouche. Les parties rapides privilégient la lourdeur et offrent un contraste saisissant aux moments lents, bien plus légers. Les influences métal sont bel et bien là, autant dans le crachin des guitares que dans le swing de la basse. Le clavier et les machines ne font leur apparition qu’à la fin, permettant d’alléger le rythme sans pour autant étouffer le titre. On regrettera cependant le manque de variations dans le morceau, celui-ci suivant le même schéma sur ses sept minutes sans proposer de réel break.
Les autres morceaux suivent également cette même base, ce qui a le mérite de procurer au groupe une réelle identité mais qui d’autre part témoigne d’une homogénéité quelque peu lassante. La basse s’exprime un peu plus sur "Carmine", bien que les autres instruments finissent par reprendre le dessus (quel métier ingrat que celui de bassiste) Il s’agit du titre le plus post-rock car les gratteux ont ajouté plus d’écho dans leurs cordes, alors que la seconde et dernière partie rapide présente une envolée à la Explosions In The Sky. "Salome" offre elle un mix intéressant des influences métal et post-rock. La session rythmique brille par son efficacité – de la Charleston mid-tempo au swing provocateur de la basse – tandis que les guitares, sans être mauvaises, restent dans le déjà-vu des précédents morceaux.
"Quiet Desperation" se démarque du lot, car ce morceau a quelque chose de malsain. La lead guitare désire assurément vous séduire avec sa suave mélodie, supportée par une batterie discrète et une guitare rythmique tout en douceur tandis que les gimmicks développés par les machines (et cette voix distante au début du morceau) vous font ressentir la présence du troisième type. On se sent comme observé, alléché par la façade bienveillante mais finalement pris au piège. La seconde partie fait ressortir l’urgence de la situation, comme si vous cherchiez une échappatoire. Mais l’avalanche sonore finale vous confirmera l’issue incertaine de votre rescapée. Comme quoi, pas besoin de mots pour exprimer de nombreux sentiments.
Finalement l’interlude salvateur "They Don’t Want Us To Remember" résumera sûrement la pensée de l’auditeur à l’écoute de ce Ers-4: Speak, Memory : “Strange. This is like I never lived here at all. Strange.” Car oui Stellardrive n’invente rien, reste classique dans les schémas de ses chansons – il est difficile de ne pas l’être dans le post-rock – et s’autorise peu de folies. Néanmoins le quintet arrive à développer une ambiance bien à lui, notamment grâce aux éléments électro qui sont ici excellemment exploités. Les pistes sont agréables, le mix est bon, la performance honnête mais il manque de ce petit quelque chose qui transforme un bon album en la perle rare. Espérons qu’ils se libèrent de leurs carcans pour le prochain effort !
7/10
Benoît D.
01 Synesthesia
02 Burnt
03 Amuptaum
04 Quiet Desperation
05 They Don't Want Us To Remember
06 Carmine
07 Salome
Note : l'album est sorti en Septembre 2010.
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