lundi 3 janvier 2011

Chronique : Glassjaw - Our Color Green (EP)

A l’annonce de cet EP, je crois bien avoir été dans un état d’excitation comme rarement je l’ai été dans ma vie… Ben en fait, non, ça aurait été le cas si nous avions été en 2003, pas fin 2010. Et puis, ce nouvel EP n’est pas si nouveau que ça puisque l’on connaît déjà toutes les chansons, étant sorties sous différents formats, notamment des 7" impossibles à avoir puisqu’aussi tôt annoncé, aussitôt sold out. Elles sont même toutes offertes par le groupe, en moindre qualité, mais malgré tout. Du coup, c’est avec un sentiment de frustration que l’on se penche sur cet EP, qui comble du foutage de
gueule ne sortira (normalement ?) qu’en version digitale. Les gens vont-ils avoir envie d’acheter quelque chose qu’on leur a (déjà) offert gratuitement ? Rien n’est moins sûr. 

5 "nouveaux" titres, ça reste quand même 5 titres de Glassjaw, c'est-à-dire la musique d’un groupe qui a révolutionné le monde du post-hardcore, et même plus largement, de la musique rock en général. En seulement deux albums, sortis en 2000 et 2002, le groupe a influencé TOUS les groupes de post-hardcore/emo qui les ont suivis. Autant capable de faire mosher un fan de Hatebreed que de faire chialer un fan de Tori Amos en somme. Pour moi, lorsque j’ai entendu pour la 1ère fois Everything You Ever Wanted To Know About Silence, je n’ai même pas pu passer le cap de la 1ère chanson : trop malsain, le chant de Daryl complètement schizophrène, des riffs déstructurés, des plans impossibles à suivre… bref, un casse tête, une énigme, et un style pas facile d’accès. Je n’y suis revenu que quelques semaines plus tard pour réellement découvrir le talent de cette bande d’allumés, car oui, sous ces couches de violence, on apercevait des trésors de mélodie, des refrains exceptionnels, un album qui, au final, réussit encore aujourd’hui 10 ans plus tard à mettre tout le monde d’accord, et sonne plus moderne que toutes les groupes sortis en 2010. 

Une constatation s’impose à l’écoute de Our Color Green, c’est que seul Glassjaw peut faire du Glassjaw. Combien de groupes ont essayé de reprendre leur formule sans atteindre ne serait-ce le petit orteil de Daryl ? Un nombre incalculable, et si on omet les géniaux Finch, (et les petits nouveaux de Letlive) et bien AUCUN groupe n’a réussit à s’approprier leur son. D’ailleurs, niveau son sur cet EP (puisqu’il faut en parler), et bien le groupe reprend exactement là où ils nous avaient laissés avec Worship And Tribute en 2002. C'est-à-dire un Glassjaw groovy aux riffs toujours impeccables ("Jesus Glue" aux sonorités sud-américaines sur les couplets) et aux refrains imparables ("Natural Born Farmer" et "All Good Junkies Go To Heaven", qui est sacrément énorme, il faut l’avouer).

Mais, ce qui surprend ici, c’est qu’ils ont eu aussi la bonne idée de se sortir les tripes pour nous balancer "Stars" et "You Think You’re (Fucking) John Lennon" digne de leur viscéral 1er opus. La 1ère commence tout en douceur avant de partir sur un riff absolument énorme qui nous rappelle cette agressivité, cette folie dans le chant qu’on avait plus entendu depuis belle lurette. D’ailleurs ce Daryl est un vocaliste hors pair, un genre d’acrobate vocal, passant sans sourciller d’une voix claire angélique à des screams qu’on irait même par chercher au fin fond de l’enfer. C’est le même constat que l’on peut faire à l’écoute de "You’re Think You’re (Fucking) John Lennon". Si on vous rouait de coups et qu’ensuite, une créature de rêve venait pour vous faire une lap dance, ce serait à peu de choses près ce qu’on ressentirait. Flippant tout autant que prenant. 

Glassjaw reste donc Glassjaw, et la frustration passée, on en peut que s’incliner devant une telle dose de créativité, de folie, de mélodie, et de savoir faire. On aurait aimé un album plutôt qu’un EP, on aurait voulu avoir quelque chose de (vraiment) nouveau à se mettre sous la dent, mais bon, on espère toujours. Peut être en, 2011, peut être en 2026, peut être jamais. Mais une chose est certaine. Glassjaw était et demeure toujours une référence que personne ne pourra détrôner. Et comme c’est de circonstance en cette période de passage en 2011, on citera pour la peine juste une phrase de leur titre "Pretty Lush" : "I wish you a broken heart and a happy new year". On vous avait prévenu, malsain et addictif. CQFD. 

8/10

Guillaume W.

1. All Good Junkies Go To Heaven
2. Jesus Glue
3. Natural Born Farmer
4. Stars
5. So You Think You’re (Fucking) John Lennon

http://www.myspace.com/glassjaw



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